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McKinsey Gate : un cabinet de conseil au cœur de la stratégie vaccinale

Selon un récent rapport du Sénat sur l'influence des cabinets de conseil, le ministère de la Santé a eu recours de manière massive à ces acteurs privés durant la crise sanitaire. Le cabinet américain McKinsey est tout particulièrement visé pour son implication dans la mise en place de la vaccination.

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« Est-ce que le gouvernement dans cette période [la pandémie, NDLR] a délégué la gestion de crise à des consultants ? La réponse est non. Parce que c’est un fantasme ». Lors d’une conférence de presse organisée en urgence mercredi soir, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, a balayé d’un revers de main les conclusions du rapport au vitriol du Sénat sur le recours aux cabinets de conseil. Intitulé comme suit, Un phénomène tentaculaire : l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques, ce document met notamment en lumière le rôle du cabinet McKinsey dans la mise œuvre de la stratégie vaccinale par le gouvernement. « Lorsque la situation est exceptionnelle, l’État ne lésine pas sur les moyens pour protéger les Français », s’est défendue la ministre.

Selon ce rapport, l’État a dépensé « au moins 41,05 millions d’euros pour des prestations de conseil pendant la crise sanitaire ». Étant précisé qu’il s’agit d’une estimation minimale ; en effet, les sénateurs n’ont pas eu accès à l’ensemble des commandes passées par les différentes administrations de l’État.

Le gouvernement persiste dans le déni

À quelques jours du premier tour de la présidentielle, les conclusions des travaux de la commission d’enquête du Sénat, rendues publiques le 17 mars, inquiètent jusqu’au plus haut sommet de l’État. Aussi le gouvernement s’est-il lancé dans une périlleuse opération de déminage : « Aucun cabinet de conseil n’a décidé d’aucune réforme et la décision revient toujours à l’État », a juré Amélie de Montchalin au cours de cette même conférence de presse. Au sein de la chambre haute, on conteste cette affirmation et l’on souligne « une influence avérée des cabinets de conseil sur la prise de décision […], la maîtrise d’outils stratégiques de gestion de la crise […] C’est particulièrement le cas pour l’intervention de McKinsey sur la campagne vaccinale ».

De son côté, la macronie y voit une boule puante de campagne, une concrétion de « récupérations politiques et de manipulations grossières », et non un scandale d’État, comme le dénonce une partie de l’opposition. « La méthode de gestion d’Emmanuel Macron ressemble plus à celle d’une PDG d’une multinationale », tacle la sénatrice LR des Bouches-du-Rhône,Valérie Boyer. D’après elle, le vrai scandale ne réside pas tant dans le fait d’avoir recours à des cabinets de conseils que dans « la manière dont cela s’est fait dans le cas de McKinsey ». À savoir, une forte collusion entre la macronie et les consultants de Mckinsey, le tout sur fond d’optimisation fiscale, de prestations exorbitantes, d’accès à des informations hautement stratégiques, ou encore de culture du secret.

Jeudi matin, sur RTL, le candidat Eric Zemmour s’est engouffré dans la brèche pour dénoncer une forme de vassalisation de la France par les États-Unis : « J’accuse Emmanuel Macron d’être soumis aux Américains de façon vraiment scandaleuse. »

McKinsey au cœur de la Task Force vaccins

Pour la commission d’enquête, c’est un fait : « McKinsey est intervenu sur des enjeux stratégiques de la campagne vaccinale » et ce, en coordonnant « le registre des actions et décisions clés et préparé les réunions quotidiennes au sein de la task force « vaccins ». » Plus loin, le rapport précise que « McKinsey est d’abord missionné pour « consolider l’organisation de la task force » et former ses membres, dans le cadre d’un transfert de compétences ».

Techniquement, le cabinet américain produit de multiples documents – synthèses, des infographies, des supports PowerPoint, etc. – destinés à Emmanuel Macron, Jean Castex ainsi qu’au Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN). En outre, Le cabinet s’est occupé de la préparation et de la présentation du point cabinet du ministère de la Santé qui avait lieu tous les lundis.

Signe de cette proximité étroite entre McKinsey et l’administration, les consultants du cabinet ont fini par être assimilés à des agents publics à part entière lors de la crise sanitaire. Lors d’une audition sénatoriale en janvier, l’un des directeurs associés du cabinet en France, Thomas London, a ainsi expliqué que les consultants privés disposaient des badges d’accès à la cellule de crise du ministère de la Santé.

En théorie, le cabinet international de conseil devait intervenir pendant trois semaines lors du lancement de la campagne de vaccination. En pratique, la mission prolongée durant plus d’un an, du 30 novembre 2020 au 24 septembre 2021, puis du 23 décembre 2021 au 4 février 2022. Pour un coût total de 11,63 millions d’euros.

Last but not least, le Canard enchaîné a révélé une autre information troublante. Le 23 décembre 2020, lors d’une visioconférence organisé par Olivier Véran avec des directeurs d’hôpitaux, le ministre de la Santé passe la parole à une tierce personne chargée de présenter la méthode de la stratégie vaccinale retenue par le Gouvernement ; un certain Maël de Calan, ancien conseiller économique d’Alain Juppé et candidat malheureux à la présidence des Républicains en 2017. La raison de son intervention ? Outre sa fonction de président du Conseil départemental du Finistère, Maël occupe un poste de consultant chez… McKinsey. Ce qui n’est pour arranger les affaires du ministre de la Santé.

Les contradictions d’Olivier Véran lors des auditions

En effet, la commission sénatoriale a relevé de multiples incohérences dans les déclarations d’Olivier Véran concernant le rôle du cabinet de conseil durant la crise. Interrogé sur la traçabilité des prestations des cabinets de conseil, le ministre de la Santé s’est légèrement emmêlé les pinceaux. Dans un premier temps, il a expliqué que McKinsey était intervenu « en appui ou conseil d’un chef de projet interne à l’administration […] avec des livrables clairement identifiés », donc des documents qui comportent le logo du cabinet. De fait, les cabinets de conseil n’ont pas le droit d’utiliser le sceau ou le logo de l’administration. Or, dans un second temps, Véran a admis à demi-mot le non-respect de cette obligation déontologique : « Si vous aviez voulu les documents estampillés par McKinsey présents dans le dossier, vous auriez eu une feuille blanche. » Conclusion : le cabinet a donc bien rédigé des documents flanqués du logo du ministère de la Santé.

Mais les manquements en matière de traçabilité ne s’arrêtent pas là. Ainsi de cette synthèse des cibles hebdomadaires de vaccinations, qualifiée de « document interne » par le ministre de la Santé, qui a été transmise au Conseil de défense et de sécurité nationale le 23 août 2021. Une fois encore, l’enquête du Sénat a révélé que les « traces numériques » du document Powerpoint provenait d’un consultant de McKinsey. Autre indice et non des moindres : le document ressemble comme deux gouttes d’eau à un autre document « conçu par McKinsey pour le gouvernement australien ».

Enfin, en théorie le ministère de la Santé soumet les consultants des cabinets à des obligations déontologiques et à des déclarations d’intérêts. Chose que le directeur associé de McKinsey a confirmé lors de l’audition. La commission « n’a retrouvé que cinq déclarations d’intérêts renseignés par des salariés du cabinet McKinsey [sur les 5 000 fichiers transmis par le ministère, NDLR], pour la plupart consultants juniors ».

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