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Présidentielle : « Un vrai risque pour la démocratie… » A deux mois du premier tour, les sujets de société restent dans le flou

Climat, logement, pouvoir d'achat... Autant de sujets de société qui peinent à exister dans la campagne

Image d'illustration

L’ESSENTIEL

  1. A près de deux mois du premier tour, la campagne pour l'élection présidentielle ne décolle toujours pas.
  2. Une grande partie de la population s'en désintéresse, pendant que les candidats peinent à imprimer leur marque dans le débat.
  3. Les sujets sociétaux – comme les inégalités, le logement ou le changement climatique – restent largement inaudibles alors qu'ils constituent les préoccupations principales des électeurs.

Quand les expressions les plus percutantes d’une campagne sont celles qui ironisent sur le vide de ladite campagne, c’est bien qu’il y a quelque chose qui cloche. On en est là, pour l’instant, de cette présidentielle 2022, qui a décidément du mal à décoller. « Une campagne de morts-vivants », a attaqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal dans Le Parisien. « Une campagne Tefal », a observé le directeur général délégué d’Ipsos, Brice Teinturier, sur France Inter. Sur laquelle les thèmes glissent et se retrouvent très vite dans l’évier.

A ce stade de la campagne, Nicolas Sarkozy avait déjà imprimé dans la tête des Français son « travailler plus pour gagner plus » en 2007, François Hollande ciblé comme adversaire « la finance » en 2012 et Emmanuel Macron, la certitude qu’il partageait un grand « projeeeeeet » avec les électeurs en 2017. Rien cette fois, alors que le premier tour de scrutin est dans deux mois à peine. « L’explication, c’est d’abord le Covid-19, qui cannibalise l’espace public depuis deux ans, juge Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Cevipof. Pas seulement le fait d’en parler, mais aussi son legs sur nos mentalités, la psychologie des électeurs, le sentiment général à la fois de lassitude et de confusion dans le pays. »

Selon le spécialiste des comportements et des attitudes politiques, la pandémie a également empêché des candidatures de réellement décoller en rendant impossible l’organisation de grands meetings, indispensables démonstrations de force pour enclencher une dynamique. Certes. Le Covid-19 n’aide pas, les équipes des candidats nous l’ont déjà expliqué. Mais il ne faudrait pas tout lui mettre sur le dos, non plus.

Cette semaine, la Fondation Abbé-Pierre présentait son rapport annuel sur le mal-logement. Un sujet central, en lien avec la santé, l’accès à l’emploi ou l’éducation, et qui représente plus de 20 % des dépenses des ménages, selon l’Insee. Le président de la Fondation, Laurent Desmard, était très remonté. « Je ne comprends pas que les candidats s’entêtent dans des sujets comme l’immigration ou la sécurité, alors que si on avait une vraie politique du logement, on résorberait bon nombre d’inégalités, nous a-t-il confié. Les candidats nous sortent des trucs épouvantables, ça suffit quoi ! On en a assez. »



Le délégué général de la fondation, Christophe Robert, pointait le côté « très technique » du sujet, qui peut rebuter le grand public et les candidats. Christiane Taubira s’en souviendra, elle qui s’est retrouvée paralysée lors des débats organisés l’après-midi par une remarque sur le RSA et le seuil de pauvreté. Une séquence qui pourrait lui faire très mal, mais qui illustre surtout les maux de cette campagne. Car elle a été infiniment plus reprise et commentée que toutes les propositions concrètes émises par les quatre autres candidats de gauche présents ce jour-là (Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Fabien Roussel).

« Un vrai risque pour la démocratie »

« L’écart n’a jamais été aussi grand entre les préoccupations des Français – le pouvoir d’achat, la santé et le changement climatique – et le débat politique tel qu’il est repris dans les médias et sur les réseaux sociaux, déplore Anne Bringault, coordinatrice des programmes au Réseau action climat. On se focalise sur les petites phrases, les polémiques, les questions de personnes. C’est inquiétant, un vrai risque pour la démocratie. » Difficile de le nier, même si journaux, radios et chaînes de télévision laissent place à des débats de fond, à coups de cahiers spéciaux ou de formats innovants en lien avac la présidentielle. « Malheureusement, ce ne sont plus des sources d’information pour beaucoup de gens », constate l’experte environnement.

Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir, a lui aussi une petite dent contre les médias. Il salue « les émissions sérieuses, qui existent », mais se désespère de voir que les associations de défense des consommateurs n’y soient pas invitées. « On traite des sujets de la vie quotidienne, mais les intervenants et angles d’approche laissent penser que les sujets de société ne sont pas politiques, qu’ils ne peuvent pas participer aux réflexions dans une campagne présidentielle, regrette-t-il. Alors que la question principale pour choisir un président reste quand même : "Dans quelle société veut-il nous emmener ?" »

La faute aux médias ou aux partis ?

Le dirigeant associatif prend l’exemple de l’explosion du prix de l’énergie, apparu dans la campagne en janvier. « Le sujet s’est installé exclusivement sous l’angle des revenus, note-t-il. On questionne les candidats sur le Smic, le minimum vieillesse, etc. L’État met en avant ses chèques énergie. C’est hallucinant, car le pouvoir d’achat marche sur deux jambes : ce que je gagne et ce que je dépense. Personne ne parle de ce deuxième volet, qui correspond aux prix. Comment se fait-il que des prix dérapent, au-delà de l’inflation conjoncturelle ? On aurait, nous, des propositions à faire, et qui sont politiques. Mais elles ne sont pas perçues comme telles. »

Pour Bruno Cautrès, ce sont les partis politiques qui sont responsables de la difficulté à faire entendre des propositions marquantes. Plus que les candidats eux-mêmes, d’ailleurs. Selon lui, la droite a su faire émerger les questions d’immigration, de sécurité et de frontières car elle s’est préparée à se positionner sur le bilan d’Emmanuel Macron. Ce que la gauche n’a pas fait sur ses sujets de prédilection – le social, le climat, le vivre (mieux) ensemble.

« Ce n’est pas une question de personnes mais un problème structurel, une absence de démarche construite sur plusieurs années pour présenter aux Français le moment venu une vraie alternative, considère le chercheur. C’est la même différence qu’entre en étudiant qui travaille régulièrement et un autre qui se contente de réviser frénétiquement la veille de l’examen. »

Une fois qu’on a dit ça, faut-il se réfugier sous la couette en attendant le premier tour, ou peut-on toujours espérer une étincelle ? Bruno Cautrès est pessimiste, même si l’entrée en campagne annoncée d’Emmanuel Macron pourrait relancer la machine. « Quand il mettra sur la table son bilan et ses propositions, ça va permettre à tous les autres candidats de l’attaquer, le contredire, et nous expliquer ce qu’ils feraient », croit-il.

Les associations, elles, ne désarment pas. Un collectif de défense des personnes en situation de handicap a lancé il y a quelques jours une campagne nationale pour « alerter sur les manquements de l’Etat ». L’UFC-Que Choisir va très prochainement proposer des solutions pour réguler certains marchés où les prix partent à la dérive « sans que ça ne coûte un sou à l’Etat ». Le Réseau action climat compte beaucoup sur les deux publications du Giec prévues le 28 février et le 4 avril, ainsi que sur la mobilisation populaire du 12 mars prochain, pour faire éclater « l’énorme attente des Français » sur le sujet.

« Jamais on ne se décourage, souffle Christophe Robert, de la Fondation Abbé-Pierre. On va mettre toute notre énergie pour faire affleurer ce thème du logement. » Après toute une journée passée à écouter parler habitats insalubres, jeunesse désœuvrée et hébergement d’urgence avec des familles qui vivent à quatre dans une chambre d’hôtel, difficile de ne pas y avoir un enjeu fondamental. Et de ne pas regretter des débats pas toujours à hauteur. « Faire venir les candidats provoque tout un travail de préparation des équipes de campagne, glisse le délégué général. Ça oblige à affiner les propositions, la philosophie de l’action de chacun. Et s’ils ont bossé le sujet… » Il laisse sa phrase en suspens. On la termine pour lui : ce n’est pas pour le laisser tomber dès l’événement terminé. Enfin, normalement.


(SOURCE) : 20minutes.fr SOURCE / LIRE L'ARTICLE COMPLET

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