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Guadeloupe : Derrière les barricades, certaines zones « ressemblent à Beyrouth »

Depuis une semaine, des barrages sont érigés en Guadeloupe, liés à la crise sociale qui a pour origine la contestation de l’obligation vaccinale des soignants

Image d'illustration

L’ESSENTIEL

  1. Sur chaque route de Guadeloupe, dans chaque quartier, des barricades sont dressées. Initialement le mouvement était contre l’obligation vaccinale des soignants, désormais les revendications sont multiples – sociales, économiques et sanitaires.
  2. Les rangs des sympathisants grossissent et des riverains installent des troncs d’arbres ou de l’électroménager sur les routes pour bloquer l’archipel.
  3. L’absence de liberté de circulation exaspère ou inquiète certains habitants de l’île, quand la distribution d’essence commence à être rationnée.

De notre correspondante au Gosier,

Des barrages partout en Guadeloupe. Sur les axes routiers principaux. Sur les secondaires. Dressés par des manifestants des organisations syndicales mobilisés contre la vaccination obligatoire. Erigés par du personnel soignant ou des pompiers contre le pass sanitaire. Désormais, ce sont des riverains ou des plus jeunes qui en installent, tandis que les revendications sont devenues multiples. Elles sont sociales, économiques et sanitaires. Ce mardi, la Guadeloupe est barricadée de toutes parts, privant la population de liberté et mettant en péril la santé des plus fragiles.

Ces barrages parfois tenus par des manifestants prennent plusieurs formes. Ils sont tantôt composés de poubelles et détritus souvent embrasés. De troncs d’arbres abattus sur la chaussée. D’électroménager ou encore de carcasses de voitures tractées puis incendiées. En amont, clous et bouts de verres peuvent aussi joncher le sol. Et ces blocages mettent Teddy hors de lui. Habitant de la commune de Sainte-Anne, ce peintre est contraint de travailler malgré les conditions de circulation quasi impossible : « Je suis partie de chez moi à 2h30 du matin, je suis arrivé chez mon client à 4h39. Je viens de finir, il faut que je rentre chez moi, je ne peux pas passer par Pliane ni par Mare-Gaillard non plus. »

Après avoir passé un premier barrage autorisant la circulation des voitures, Eddy se retrouve coincé 100 mètres plus loin à l’entrée du quartier de Mara-Gaillard, au Gosier, par des branches d’arbre et une machine à laver. « Ils viennent de le faire ! », souligne-t-il en prenant des photos pour montrer son désarroi à son patron. « Ce matin, je suis passé par les grands fonds et c’est bouché, finalement la route principale était libre. Je suis arrivé à Pointe-à-Pitre et là-bas, c’est Beyrouth ! ». Si Eddy fait partie des habitants solidaires du mouvement, il n’est « pas d’accord avec ce genre de procédés ». « Ils nous pénalisent nous, Guadeloupéens ! Ce n’est ni à Macron ni à Castex qu’ils font du mal », explique le peintre.

« On est pris en otage »

Arrivés à ce barrage, de nombreux automobilites font demi-tour et cherchent un autre chemin par lequel passer. Antoine a trouvé une alternative. « Les routes sont bloquées donc je prends mon vélo pour faire ce que j’ai à faire. » Il « comprend et approuve ce mouvement » et prend son mal en patience. « On nous fait avaler des couleuvres, on nous oblige à la vaccination forcée. Chacun est libre de son corps, on nous pénalise parce que nous ne sommes pas vaccinés. Cela va au-delà du sanitaire, c’est tout simplement politique, estime cet électricien. Cette situation est compliquée pour tout le monde mais était prévisible. »

C’est aussi l’avis d’Henri, médecin urgentiste au CHU de Guadeloupe et habitant du quartier : « J’ai vu venir ce mouvement d’autant plus qu’à l’hôpital on est vraiment embêté depuis un moment déjà. » Avec sa compagne, c’est à pied qu’ils sont venus « voir si c’était débloqué parce qu’on doit aller travailler mine de rien », explique Nathalie. Et d’ajouter : « Encore une fois, c’est la population qui subit, on est pris en otage et on n’a pas de liberté, on ne peut pas sortir de chez nous. S’il nous arrive quelque chose là à un instant T ou à notre famille, on ne peut pas intervenir. »

Et l’urgence, Henri en a bien conscience : « Je suis terrorisé par ça. On se dit qu’il y a des gens qui vont mourir, faute de dialyse. Tout à l’heure le patron du Samu me disait qu’un véhicule n’avait pas pu passer un barrage pour un monsieur de 57 ans qui faisait un arrêt cardiaque. C’est juste affligeant ! On a une privation totale de liberté pour la liberté de certains qui sont en plus une minorité ».

La distribution d’essence limitée

A Mare-Gaillard, les barrages se succèdent. C’est l’un des points les plus mouvementés de l'archipel. Nathalie a tenté de négocier un passage avec l’un de ses voisins installant un barrage. Celui-ci s’est montré compréhensif « mais une autre personne peut arriver et tout change », assure-t-elle. D’ailleurs, Nathalie ne risquerait pas de s’aventurer sur les hauteurs de Mare-Gaillard car « là, ce n’est pas la même mentalité, les gens peuvent être armés et agressifs ». Sur ces fameuses hauteurs, Henri affirme que des barrages sont simplement infranchissables à pied. Ce qui l’inquiète car c’est de ce côté que vivent ses enfants avec leur mère. Et pour l’heure, il ne voit pas comment il pourrait les récupérer.

Après les annonces faites par le Premier ministre, la tension est loin d’être apaisée. Les grévistes ne semblent ni convaincus ni satisfaits par les propos tenus par Jean Castex. La nuit de lundi à mardi a encore été agitée. Pointe-à-Pitre et Basse-Terre ont connu de nouveaux affrontements entre les forces de l’ordre et des jeunes parfois armés. Un jeune homme serait mort à Trois-Rivières mais les raisons de son décès ne sont pour l’heure pas connues. Quant aux blocages, ils continuent ce mardi et la distribution d’essence est limitée à 20 litres pour les véhicules légers et poids lourds. Seuls les véhicules des services publics, des forces de l’ordre et des urgences ne sont pas restreints en carburant.


(SOURCE) : 20minutes.fr SOURCE / LIRE L'ARTICLE COMPLET

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