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En Algérie, le français désormais persona non grata à l'école et dans les services publics

L’usage du français est définitivement interdit dans les administrations et dans l’enseignement. Un nouvel épisode de la crise entre Paris et Alger.

Image d'illustration

La note est tombée à point pour les célébrations qui marquent le 67e anniversaire du déclenchement de la lutte armée, le 1er novembre 1954. Concoctée par le ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, Yacine Merabi, elle ordonne l’usage exclusif de l’arabe dans les administrations et dans l’enseignement car « le français n’y a plus sa place ». Cette mesure s’ajoute à la liste interminable des interdictions qui ont frappé, depuis plus d’un demi-siècle, « la langue du colonisateur ».

Celle que le grand dramaturge Kateb Yacine qualifiait de « butin de guerre » afin que les Algériens la refassent vivre dans un pays rendu à lui-même. La « proclamation au peuple algérien » acte fondateur de la guerre d’indépendance, n’a-t-elle pas été rédigée en français ? C’est ce qu’atteste le document d’origine élaboré par les six chefs historiques du soulèvement, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf, Didouche Mourad, Krim Belkacem, Larbi Ben M’Hidi, Mostefa Ben Boulaïd. Tous d’impeccables francophones.

Pour les artistes, les écrivains et les intellectuels qui se sont succédé, la langue française a effectivement flamboyé en Algérie pour nous offrir la pléiade littéraire la plus prestigieuse du monde franco­phone, de Rachid Mimouni à Mohammed Dib, Yasmina Khadra, Rachid Boudjedra, Kamel Daoud, Boualem Sansal, Maïssa Bey, et tant d’autres. Pour les écoliers algériens, ce fut tout autre chose.Obsession francophobeL’instauration de ce que le linguiste Mohamed Benrabah appelle le « totalitarisme linguistique » a produit des « ­analphabètes ­bilingues » selon la boutade en vogue à Alger, où on n’a jamais perdu le sens de l’humour. La politique d’arabisation a en effet été portée dès la fin des années 1960 par des enseignants venus d’Égypte et d’Arabie saoudite, sous influence des Frères musulmans.

C’est par l’école que l’islamisme a pénétré une société algérienne que les premiers nationalistes espéraient pourtant fondée sur l’esprit républicain. L’arabe classique importé n’était en rien la langue des Algériens. Ces derniers étaient en réalité trilingues : ils parlaient l’arabe algérien, le tamazight (le berbère) et le français. Le régime a coupé dans le vif.

Mais les enfants de sa nomenklatura, eux, étaient envoyés en France pour leurs études. Pas question de les condamner aux voies de garage de l’enseignement algérien effectué « dans la langue de la révélation coranique » selon les propres termes du FLN. « Au mépris de considérations pédagogiques, l’arabisation a été l’instrument d’un clan politique, un moyen de conquête d’une partie du pouvoir écrivait en 2004 l’anthropologue Gilbert Grandguillaume.

Elle était en même temps utilisée par le régime en place, qui recherchait une légitimité dans la référence à l’islam et dans l’hostilité à la France. » (« La francophonie en Algérie », revue Hermès no 40.) L’analyse reste exacte aujourd’hui alors que la crise entre Paris et Alger n’a jamais été plus brûlante. Mais l’obsession francophobe signe paradoxalement la défaite de l’arabisation. C’est dans les trois langues – arabe dialectal, berbère et français – que se chante le clip emblématique du Hirak, l’insurrection pacifiste de février 2019 : « Libérez l’Algérie ! » Au diapason des enfants terribles de son peuple, l’écrivain Amin Zaoui ironise ces jours-ci sur son blog : « Je suis pour l’enseignement de la langue française, mais en caractères arabes ! »


(SOURCE) : marianne.net SOURCE / LIRE L'ARTICLE COMPLET

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