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Indre-et-Loire : un futur « village chrétien » hérisse les laïcards et créé la polémique

Le projet immobilier du promoteur Monasphère à l’Ile Bouchard, petite ville du sud de la Touraine, près d'un sanctuaire marial, mobilise quelques habitants qui dénoncent un projet « communautariste ». D'autres y voient au contraire une opportunité de redynamiser ce territoire.

Image d'illustration

Le Clos Saint Gabriel, ensemble de 17 maisons qui sera en principe construit en 2023 à L’Ile Bouchard en Indre et Loire, à proximité du sanctuaire de la Vierge Marie apparue en décembre 1947 à quatre jeunes filles du cru, continue à exacerber les passions. Sur fond de défense de la laïcité que ce lotissement « chrétien » mettrait à mal, ses opposants dénoncent un risque de dérive communautaire. Sous la houlette d’un conseiller municipal d’opposition, Guy Jouteux, et d’une habitante, Betty Delavenna, ils ont créé un collectif, qui compte à ce jour 10 à 15 personnes, avec pour objectif d’empêcher le Clos Saint Gabriel de sortir de terre. La polémique autour du projet opéré par le promoteur Monasphère a même pris un tour national avec l’entrée en lice des associations de « défense de la laïcité ». Les relais tourangeaux de la Licra, de Laïcité République et de la Ligue des droits de l’homme sont ainsi montés au créneau en soutien au collectif bouchardais.

Créer des ensembles immobiliers près des sanctuaires spirituels, tel est le credo de Damien Thomas, ancien salarié du groupe Media-Participations, et de Charles Wattebled, ex collaborateur de la start up Staffme, qui ont lancé Monasphère au printemps 2021 en pleine crise sanitaire. Pierre Edouard Sterin, fondateur de Smartbox, a investi lui aussi dans le projet via son fonds Otium Capital. Catholiques pratiquants, les trois jeunes entrepreneurs misent d’une part sur la volonté de nombreux franciliens de rejoindre des villes petites et moyennes, voire de se mettre au vert à la campagne. La proximité d’un lieu spirituel, et les affinités communes des nouveaux venus, permettra d’autre part aux candidats de franchir les barrières sociales, scolaires et professionnelles, habituels freins au passage à l’acte. Outre l’Ile Bouchard, Damien Thomas et Charles Wattebled ont ainsi identifié une centaine de lieux spirituels dans l’Hexagone, éligibles à ce type de programmes immobiliers.

Rayonnement économique

En tant que président de l’Union commerciale du Bouchardais, Olivier Le Clezio cherchait parallèlement une destination pour le terrain dit du Meslier, rendu constructible il y a cinq ans. Bien située, la parcelle d’un hectare appartient en l’occurrence à la communauté de l’Emmanuel, gestionnaire du sanctuaire marial. Objectif du directeur de l’enseigne Super U locale, pallier la baisse naturelle de la population vieillissante de l’Ile Bouchard, et maintenir ainsi le relatif dynamisme économique du territoire. Les pèlerinages qu’il attire depuis les années 50 contribue d’ailleurs à ce maintien. Après avoir essuyé le refus de plusieurs promoteurs départementaux d’investir à l’Ile Bouchard, le chef d’entreprise tombe par hasard sur Monasphère. Par son entremise, l’affaire est rapidement conclue entre la société immobilière de Damien Thomas et L’Emmanuel. Pour le promoteur, toutes les planètes semblent alignées : il dispose d’un terrain, d’un PLU favorable et de la bienveillante neutralité de la maire LR. Comme tous les édiles ruraux, Nicole Vigneau est sensible à l’arrivée de nouveaux habitants dans sa commune. Les 17 maisons du futur Clos Saint Gabriel devraient de fait apporter entre 50 et 100 habitants supplémentaires à L’Ile Bouchard qui en compte moins de 1600.

Collectif laïc

Cette vision n’est pas celle d’un conseiller municipal d’opposition, Guy Jouteux. L’ancien hôtelier voit au contraire dans le futur lotissement de Monasphère un projet communautaire, réservé aux seuls chrétiens. Le collectif qu’il a monté avec Betty Delavenna dénonce une opération « en contradiction avec les principes laïcs républicains« . Cette Bouchardaise retraitée y voit aussi une corrélation directe avec la communauté de l’Emmanuel, vendeuse du terrain, et dont le leitmotiv est l’évangélisation de la société. Selon Damien Thomas, il s’agit d’un mauvais procès d’intention dans la mesure où les maisons ne seront pas réservées aux seules personnes de confession chrétienne, mais bien proposées à tous les acheteurs. Le promoteur met ainsi en avant la transparence de la démarche de Monasphère, clairement expliquée sur le site de la société. Un argument réfuté par le collectif laïc qui pointe de surcroît un risque d’augmentation artificielle des prix du foncier localement. En cause, le prix au m² des futures maisons, supérieur à la moyenne, qui se situe à moins de 1000 euros à l’Ile Bouchard. La qualité du bâti, qui reproduit l’ancien, et des espaces verts du Clos Saint Gabriel, confiés à l’architecte tourangeau, Guillaume Dernoncourt, justifie notamment la différence, selon le promoteur.

Si le conseil municipal de l’Ile Bouchard a donné un avis favorable au projet de Monasphère le 8 février, la député locale Fabienne Colboc (LREM) n’y avait pas décelé non plus de dérive communautaire. Dans un communiqué daté du 4 février, la parlementaire a constaté que « les garanties de laïcité du lotissement de l’Ile Bouchard sont là ». Les opposants n’en ont pas moins saisi la préfète d’Indre et Loire Marie Lajus, et de région Régine Engström, pour qu’elles s’opposent à l’édification de ce « village catholique » au nom de la laïcité. Une démarche qui a fait flop puisqu’elles n’ont pas l’intention d’opposer leur veto. Damien Thomas attend quant à lui l’obtention prochaine du permis de construire du Clos Saint Gabriel en cours d’instruction auprès de la communauté de communes Touraine Val de Vienne. Dans l’attente, la commercialisation a déjà commencé depuis mi-janvier. Une cinquantaine de familles, essentiellement issues d’Ile de France, se seraient déjà déclarées intéressées pour rejoindre la Touraine. L’une d’elle aurait même déjà réservé une des maisons du premier lotissement, pour l’instant virtuel, de Monasphère.

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