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Guerre des droites : quelles perspectives pour Marine Le Pen ?

Derrière le phénomène Zemmour se cache en réalité une nouvelle guerre des droites, analyse notre chroniqueur Frédéric Saint Clair, au sein de laquelle la position de Marine Le Pen se révèle chaque jour plus difficile.

Image d'illustration

Par : Frédéric Saint Clair / V.A.

Marine Le Pen est une exception politique. Non seulement héritière, mais surtout « rentière ». Lorsqu’un événement djihadiste majeur se produit, tel que la décapitation de Samuel Paty, ou une de ces polémiques islamiques récurrentes, comme celle du burkini, elle est l’unique responsable politique français qui puisse garder le silence tout en gagnant des points. Le réel travaille pour elle. L’actualité nourrit sa popularité. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle a pu, en 2017, malgré le pire débat de la Ve République, engranger 10,6 millions de voix au second tour, alors que son père, en 2002, n’en avait compté que la moitié. Depuis 10 ans, elle ne s’est pas contentée de vivre confortablement de sa rente ; elle l’a fait fructifier. Elle a réformé son parti pour qu’à terme il puisse faire « système ». Un système national, par opposition au système mondialiste aujourd’hui incarné par Emmanuel Macron.

Le hic ? Un tel capital politique : 11 millions d’électeurs potentiels à minima, ça fait des envieux ! Le hic ? On ne peut pas capter indéfiniment un tel électorat en lui promettant que cette fois ça va être la bonne, et échouer à incarner cette espérance concrètement lors des scrutins successifs, au niveau national comme au niveau local. Le hic ? Au sein de la droite radicale, il n’y a pas une, mais deux droites. Si le RN incarne aujourd’hui le versant politique, il existe un versant intellectuel et médiatique, cette fameuse droite « hors les murs » qui n’est pas RN-compatible. Pour elle, le programme économique du RN n’est pas suffisamment libéral ; ses positions sur l’islam sont devenues trop molles ; son ancrage dans le socle civilisationnel chrétien trop superficiel. Cette « nouvelle droite » n’attend qu’une chose : s’incarner politiquement. Prendre le pouvoir.

La véritable figure contre-révolutionnaire française, qui aurait pu mener un tel combat politique, est Marion Maréchal. Il était cependant impensable pour l’ancienne élue du Vaucluse de s’opposer à sa tante. Les hussards de la nouvelle droite ont fini par se rendre à l’évidence : tant que Marine Le Pen sera à la tête du RN, Marion ne sera pas candidate. Or le temps presse. D’un côté, la perspective catastrophique d’un second quinquennat Macron, et de l’autre, la certitude que Marine Le Pen ne l’emporterait pas, ont favorisé la recherche d’une figure politique de substitution. Il n’y en a pas ? Qu’à cela ne tienne, nous allons en construire une, se sont-ils dit, tout comme les médias mainstream ont construit en 2016 celle d’un Emmanuel Macron intellectuel, disciple de Ricœur, génie politique, promoteur d’un nouveau monde – autant de fables auxquelles les démiurges eux-mêmes ont cru. Le pari est audacieux. Cependant, la dynamique d’Éric Zemmour dans les sondages, passé de 5 % à 15 % en quelques mois seulement, leur donne raison pour l’instant. Le hic ? Cet élan ne s’est pas fait sans casse au sein du RN : Marine Le Pen a dégringolé dans le même temps de 25 % à 16 %…

Cette guerre a pour objet de dévisser le RN, de le faire passer pour “has been”, de le renvoyer à ce qu’il aurait toujours dû rester si les caciques du RPR n’avaient pas trahi la cause gaullienne : un mouvement minoritaire.

Quelles sont donc les perspectives de Marine Le Pen au sein de ce qui n’est rien d’autre qu’une véritable guerre des droites nationales ? Elles sont sombres ! Le centre de gravité de la droite française s’est déplacé en ce début de XXIe siècle au cœur de l’électorat RN, un électorat qui souhaite, tout comme Éric Zemmour, réconcilier De Gaulle et Pétain. Le motif ? 80 ans après la crise vichysto-londonienne qui a fracturé la France, qui a ostracisé Maurras et loué Malraux, les points de convergence sont devenus plus nombreux que les points de divergence. L’objectif n’est pas seulement de s’emparer de l’électorat RN, mais de refaçonner le visage de la droite nationale française, d’en faire une droite de réconciliation qui rejette vers le camp progressiste-mondialiste les centristes et autres modérés, et qui attire à elle l’ensemble des amoureux de la nation et de la civilisation, de Nicolas Dupont-Aignan à Éric Ciotti, de Jean-Frédéric Poisson à Bruno Retailleau, de Philippe de Villiers à Jordan Bardella.

Cette guerre a pour objet de dévisser le RN, de le faire passer pour “has been”, de le renvoyer à ce qu’il aurait toujours dû rester si les caciques du RPR n’avaient pas trahi la cause gaullienne : un mouvement minoritaire. Marine Le Pen est donc investie du devoir impossible de protéger une Athènes mal fortifiée, ravagée par la peste, contre les coups de boutoir d’une droite lacédémonienne bien décidée à en découdre. Tout joue contre elle, l’Histoire comme les forces politiques du moment. Parviendra-t-elle à maintenir sa position d’opposante favorite à Emmanuel Macron ?



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