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[BRETAGNE] Vols, agressions, menaces de mort… À Brest, le SOS des commerçants du bas Jaurès

Vols massifs à l’étalage, agressions verbales et autres intimidations à l’encontre des commerçants de Brest se multiplient dans le bas Jaurès. « On va au travail la boule au ventre », disent plusieurs d’entre eux, impuissants face au harcèlement de rue.

Image d'illustration

Par : letelegramme.fr

Une responsable de magasin, en pleurs, appelant le propriétaire du fonds de commerce pour lui dire qu’elle va remettre sa démission. La scène s’est produite jeudi 23 septembre, en pleine journée, un peu plus bas que le centre commercial de Coat ar Guéven. « Vers 16 h, dans la rue, j’ai aperçu une bande s’approcher d’une jeune fille et l’enserrer par la taille, contre son gré. L’un d’eux a vu que je regardais, il m’a donné l’ordre de baisser les yeux. J’ai tenu tête, il s’est rué vers moi. On était front contre front. Il avait les yeux exorbités du camé. J’ai cru que mon heure était venue », raconte-t-elle.

La pauvre commerçante a fondu en larmes. « En neuf ans dans ce commerce, je n’avais jamais connu ça. J’ai 40 ans, je suis née dans un quartier populaire de Brest. J’ai appris à me faire respecter. Mais ce que l’on vit aujourd’hui est inimaginable ».

Sa voisine de palier déballe à son tour. « Le harcèlement de rue, c’est quotidien. Un jour, c’est une ado qui se fait arracher son sac, le lendemain, une employée d’un commerce qui se fait cracher au visage ou à qui on fait le geste du coupe-gorge. On part au travail avec la boule au ventre ». L’agression sexuelle subie mercredi 22 septembre par une jeune fille, en plein jour, dans la rue de la 2e DB, ne fait que renforcer ces affirmations.

« On vit avec les délinquants »

Par crainte des représailles, ceux qui s’expriment dans cet article ont requis l’anonymat. C’est pourtant eux qui ont fait la démarche de venir vers nous, quitte à desservir leur propre business. « Beaucoup de clients nous disent déjà qu’ils ne viendront plus. Mais on n’a aucune réponse probante des politiques, alors… »

À les entendre, vols, agressions verbales et même menaces de mort seraient désormais leur lot quotidien. Des agissements qui se concentrent ces derniers temps entre la place de la Liberté et le centre commercial de Coat ar Guéven, « là où il y a le plus gros flux de passants, avec des enseignes qui attirent les jeunes filles ».

Parfois, on court dans la rue pour rattraper les voleurs. Les policiers font ce qu’ils peuvent, mais eux aussi saturent

Patron de deux magasins en bas de la rue Jaurès, cet autre commerçant résume la situation. « On vit avec les délinquants à nos côtés. La rue est à eux. Ils errent toute la journée dans notre environnement, et c’est intimidation sur intimidation ».

Une boucle WhatsApp pour organiser la veille

Avec, pour corollaire, les vols à l’étalage. « J’ai fait l’inventaire d’une de mes boutiques mardi. 45 articles volés en cinq mois ! Parfois, on court dans la rue pour rattraper les voleurs. Les policiers font ce qu’ils peuvent, mais eux aussi saturent, en constatant que les interpellés occupent à nouveau la rue deux jours plus tard. Ils se sentent lâchés par nos politiques, lâchés par la justice, comme nous », appuie le même interlocuteur. Il se dit en possession d’une vidéo qui a glacé le sang de tous les commerçants, suite à un vol éclair, le 2 septembre dernier, dans une enseigne nationale de l’artère commerciale. « Ils sont entrés, ont ouvert les tiroirs, et ont détalé. Il y en a pour 15 000 € ».

Alors qu’elle se sent abandonnée, voici toute la profession réduite à communiquer par une boucle WhatsApp pour anticiper les coups durs. « Quand une bande s’approche d’un commerce, en trente secondes, on est tous au courant. On incite nos équipes à redoubler de vigilance. C’est du bricolage, mais on n’a plus que ça ».

Car côté ville, ni Yohann Nédélec (adjoint à la sécurité) ni Karelle Hermenier (aux commerces) dépêchés à leur rencontre la semaine dernière, n’ont réussi à les rassurer. « Juste la promesse d’une présence accrue des médiateurs. On n’a rien contre les médiateurs, on échange régulièrement avec eux. Mais vous appelez ça, une réponse à la hauteur, vous ? Et la vidéosurveillance, on en parle ? J’ai déjà deux salariés qui ont démissionné parce qu’ils ne supportaient plus d’arriver avec des nœuds à l’estomac. Il faut arrêter de fermer les yeux. C’est grave ce qui se passe ! »

Deux réunions en urgence

Interrogé mardi, le maire François Cuillandre déclare être parfaitement au courant de la situation. « Ce sont des comportements inadmissibles et assez nouveaux dans notre ville. J’en ai parlé au nouveau sous-préfet. La Police nationale et la Justice doivent faire leur travail. J’espère que les renforts du commissariat obtenus récemment amélioreront les choses même si cela ne règle pas tout ».

De son côté, la présidente des Vitrines de Brest, Françoise Le Gall, a obtenu un entretien en urgence ce mercredi avec le patron des policiers. « C’était constructif, rapporte-t-elle. Les forces de l’ordre nous ont assuré mettre tout en œuvre pour que nous retrouvions une certaine sérénité ».

Ce sont des comportements inadmissibles et assez nouveaux dans la ville

Contacté, le commissaire central Nicolas Hoarau confirme « que la pression va s’intensifier sur les auteurs de ces exactions ». Il demande aussi aux commerçants d’alerter immédiatement le 17, à chaque fait constaté. « Il importe que l’on ait des signalements en temps réel, afin de permettre un déploiement immédiat des patrouilles, qui permettra de caractériser plus facilement les comportements délictuels ».

Une réunion avec le sous-préfet, les policiers, les élus et les Vitrines, est programmée ce jeudi soir. Cet épisode prend également un tour politique avec la venue annoncée de Maël de Calan, le président du Conseil départemental, la semaine prochaine.



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