France

[France][bsummary]

Europe

[Europe][bsummary]

International

[International][bsummary]

SCI-TECH

[SCI-TECH][bigposts]

Faits divers

[Faits divers][twocolumns]
Suivez nous sur :

[SOCIÉTÉ] A la Guillotière, la police lyonnaise n’y arrive plus…

En l’espace d’une semaine, le quartier de la Guillotière, à Lyon, a été le témoin d’une fusillade et d’une agression antisémite. Sur place, les effectifs de police affichent leur découragement face à une délinquance débridée et incontrôlable. Témoignages.

Image d'illustration

Par : Antoine Beretto / V.A.

Un kilomètre à peine sépare la place Bellecour de la place Gabriel Péri, centre névralgique de la Guillotière, à Lyon. A cette distance, il est encore inconcevable pour certains habitants d’imaginer la réalité apocalyptique du quartier situé de l’autre côté du Rhône et dont le nom sonne toujours pour beaucoup de consciences comme le pendant populaire et multiculturel de la place Bellecour. Un multiculturalisme auquel ne goûtent pourtant plus les riverains du quartier qui ne doivent leur salut qu’aux innombrables forces de police astreintes à une présence quotidienne sur place. « On sent une tension qui grandit sur la Guillotière, on retrouve beaucoup d’armes et on à régulièrement à faire à des agressions sexuelles et du harcèlement de rue », témoigne ce policier membre d’une unité opérationnelle, bien familier du quartier. Dernier exemple en date, une fusillade en plein cœur du quartier a fait un blessé sur ce qui pourrait bien ressembler à un règlements de compte entre bandes rivales. Quelques jours plus tôt, la police intervenait sur la désormais tristement célèbre place Gabriel Péri à la suite de l’agression antisémite d’un passant traité de « sale juif » avant d’être violenté à coups de pieds et de poings pour être sorti en portant une kippa. A la Guillotière comme partout ailleurs, les dernières scories du multiculturalisme finissent de se consommer dans le chaos communautaire ambiant. « Les communautés ne se mélangent pas, il n’y a pas du tout de mixité de population », reconnaît cet agent de police.

Un grand remplacement de la délinquance

Grand remplacé ou créolisé, le quartier de la Guillotière l’est assurément même si les statisticiens de France Stratégie n’en ont pas encore mesuré l’ampleur. Sur le terrain, la police constate quant à elle un remplacement de la délinquance : « Avant on avait une délinquance locale de gens qui étaient nés et avaient grandi en France qui ont petit à petit été remplacés par des étrangers présents depuis peu sur le sol français », explique ce fonctionnaire en poste depuis dix ans. Face à l’explosion des faits de délinquance dans le quartier, même l’exécutif écologiste, dans un premier temps rétif à toute mesure de répression, a dû faire son chemin de Damas. Depuis lors, les forces de l’ordre sont mobilisées quotidiennement sur le terrain pour assurer la dernière présence française et républicaine dans un quartier laissé sous le joug d’un communautarisme violent et débraillé. Les interpellations indénombrables conduisent régulièrement à exhumer de véritables arsenaux de guerre. « La Guillotière n’a pas toujours été un axe majeur de la sécurité à Lyon. Aujourd’hui, on découvre des sabres, des machettes, des armes à feu, des marteaux, des lames, des matraques télescopiques. Pas plus tard qu’hier, j’ai interpellé un étranger en situation régulière qui avait 2 OQTF (obligations de quitter le territoire français), qui sortait de prison et qui avait un couteau sur lui comme très souvent », glisse ce policier. Loin de se cantonner aux seules rixes inter communautaires, les forces de l’ordre présentes sur place sont très fréquemment amenées à intervenir pour des vols à l’arraché, des arrachages de chaîne, des vols avec violence, du trafic de stupéfiant. « On sort à Guillotière, on interpelle », résume laconiquement ce policier.

« La prison fait partie du packaging »

Les policiers en poste sur place l’affirment, ils ont les mains libres pour interpeller quand ils ne sont pas entravés par les militants d’extrême gauche qui ont élu domicile dans le quartier. Ce qui fait défaut, ce sont les procédures administratives et judiciaires laborieuses, interminables et inadaptées à la nouvelle forme de délinquance et encore plus au volume de travail qu’elle occasionne. « Je sais que c’est pris au sérieux par le procureur mais devant le volume des délits, ça ne suffit pas. On a tendance à se décourager car on ne voit pas les effets de notre action », confesse, amer, ce policier. C’est en grande partie le profil des interpellés plus spécifiquement qui obère l’action des forces de l’ordre. Étrangers, clandestins ou (faux) mineurs isolés, certains cumulent les passe-droits. « On fonctionne beaucoup par verbalisation mais coller une amende à un sans-papier ça n’avance à rien. Quand ils prennent la fuite, on ne parvient pas à les retrouver car la plupart du temps ils vivent dans des squats », confie cet agent expérimenté. Les clandestins, souvent objet d’arrêtés d’expulsion, peuvent compter sur les associations d’aide au migrants qui veillent au grain, toujours à l’affût de vices de procédures, conduisant ainsi les policiers à interpeller sans cesse les mêmes individus. Si les reconduites à la frontière sont rares, les peines de prison le sont presque tout autant, observe cet autre fonctionnaire : « Ils s’adaptent au système judiciaire français qui offre des droits de défense, ils savent jusqu’où ils peuvent aller. » Les peines bien que prononcées, ne franchissent que rarement le stade de l’exécution. Parfois, même lorsque ces dernières sont appliquées, elles demeurent sans effet pour des individus accoutumés à des conditions de détention autrement plus rudes : « On a une grande partie qui étaient déjà délinquants au Maghreb et qui sont habitués à une sévérité qui est sans commune mesure avec la sévérité française. Au Maghreb, quand on a été interpellé par la police une ou deux fois, on s’en souvient, en France on se souvient de ses droits. La prison n’a pas d’effets dissuasifs pour eux, ça fait juste partie du packaging », abonde cet autre fonctionnaire.

« Ca devient hors de contrôle »

Face à ce constat implacable, beaucoup de policiers décident de rendre leurs armes comme le reconnaît Pierre* : « J’ai des amis de 25, 30 ans qui démissionnent. On est découragés. » Le métier est devenu ingrat et dangereux pour de nombreux fonctionnaires condamnés à réclamer à corps et à cri des renforts qui ne viennent jamais : « Dans notre unité de 40, on doit avoir une dizaine de blessés. On y arrive plus » renchérit Pierre. Outre les conditions de travail difficiles, les forces de l’ordre doivent en plus faire face à une opposition de manifestants, certes minoritaires, mais particulièrement présents lors des interventions : « Faire son travail de policier aujourd’hui c’est avoir des problèmes, c’est être filmé, c’est être l’objet de ressentiment de la part d’une partie de la population. On est convoqués pour des violences qui sont légitimes et pendant 6 mois on se demande si on va garder notre travail pour au final être relaxés », se lamente ce policier. Et lorsqu’on l’interroge sur la solution pour sortir de cette situation, Pierre se résigne : « Ça devient hors de contrôle, on a l’impression que la maison brûle et on nous demande de la repeindre. » Tous ici se demandent jusqu’où la Guillotière continuera de couler.

* Le prénom a été modifié.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans les commentaires sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à 01topinfo.fr ®