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Immigration extra-européenne : ce que révèle le rapport de France Stratégie

Ce rapport a suscité des débats après qu’un article de « Causeur » a souligné les résultats concernant l’évolution de l’immigration extra-européenne en France.

Image d'illustration

Par : Melchior Delavaquerie / lepoint.fr

En mars 2021, Jean-Luc Mélenchon assenait au micro de France info que « la créolisation était l’avenir du monde ». La créolisation, un processus qui peut s’entendre comme « un métissage des cultures qui produit de l’inattendu » selon le militant antiraciste Édouard Glissant, mais qui renvoie directement au sujet de l’immigration. D’ailleurs, il a suffi d’un article du magazine Causeur sur un rapport publié par France Stratégie en 2020 pour relancer à nouveau les débats.

S’appuyant sur 55 unités urbaines françaises de plus de 100 000 habitants, cette étude analyse l’évolution de la ségrégation résidentielle, c’est-à-dire « l’inégale répartition dans l’espace urbain des différentes catégories de population » en France de 1968 à 2017 auprès de certaines populations, à partir de critères définis : la catégorie sociale, l’âge, le statut d’activité des individus, le statut migratoire et l’origine, le statut d’occupation du logement.

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, cette analyse n’offre pas de conclusion ou d’interprétation sur les résultats présentés. C’est ce que tient d’ailleurs à préciser le sociologue Pierre-Yves Cusset, coauteur du rapport avec Hugo Botton, Clément Dherbécourt et Alban George. Toutefois, s’agissant de l’immigration extra-européenne, certains résultats du rapport ainsi que l’outil cartographique mis en ligne à disposition du public soulèvent plusieurs questionnements.

Moins de ségrégation en 2015 qu’en 1990

L’indice de ségrégation correspond à la distribution d’un groupe dans une unité spatiale donnée (la commune ou des quartiers nommés dans l’étude îlots regroupés pour l’information statistique, composés à peu près de 2 500 habitants). En d’autres termes, il calcule selon l’étude « la part (entre 0 % et 100 %) des membres de la catégorie étudiée qui devrait changer de quartier de résidence pour que le poids de ce groupe soit le même d’un quartier à l’autre ». L’étude le confirme, l’indice de ségrégation des immigrés d’origine extra-européenne a diminué de façon générale, passant de 36 % en 1990 à 33 % en 2015.

S’agissant des potentielles conséquences de cette baisse, Pierre-Yves Cusset indique que « pour comparer des unités urbaines entre elles et dans le temps, nous avons en tête que les phénomènes de ségrégation peuvent aboutir à des effets négatifs à la fois sur la vie d’un quartier mais aussi sur des destins individuels. Cependant, ce n’est pas l’objet de cette note. […] Notre travail est vraiment descriptif. »

Par ailleurs, il n’y a pas de corrélation entre le degré de ségrégation d’une population et la concentration de celle-ci dans un espace donné. L’indépendance entre ces deux indices de mesure peut expliquer pourquoi la ségrégation des immigrés d’origine extra-européenne baisse davantage dans la plupart des unités urbaines où elle était initialement élevée (les unités urbaines de 100 000 à 200 000 habitants, selon l’étude de France Stratégie).

Une hausse des enfants immigrés ou enfants d’immigrés

Outre qu'elle met en exergue l’évolution de certains phénomènes sur le long terme, l’étude de France Stratégie a aussi pour originalité de « rendre disponible un outil de cartographie que chacun peut utiliser pour faire les cartes qu’il souhaite », affirme Pierre-Yves Cusset. Pour ne prendre qu’un exemple, il est possible de constater l’évolution de la part d’enfants immigrés ou enfant d’immigrés d’origine extra-européenne parmi la population âgée de 0 à 18 ans.

Des territoires connus pour avoir accueilli une immigration extra-européenne importante ont vu cette population augmenter parmi les 0-18 ans. Ainsi, en Seine-Saint-Denis, les enfants immigrés ou d’immigrés d’origine extra-européenne représentent en 2017 54 % des 0-18 ans à Drancy (le taux était de 23 % en 1990), 62 % à Sevran (33 % en 1990) ou encore 75 % à La Courneuve (47 % en 1990).

D’autre part, l’outil cartographique mis à disposition permet aussi de montrer une augmentation du nombre d’enfants immigrés ou enfants d’immigrés d’origine extra-européenne parmi les 0-18 ans dans des territoires qui n’ont pas connu historiquement de mouvements migratoires conséquents. C’est le cas de la Bretagne. À Rennes par exemple, leur part au sein de la population âgée de 0 à 18 ans est passée de 9 % en 1990 à 28 % en 2017. Quant à Saint-Jacques-de-la-Lande, commune limitrophe, les enfants immigrés ou enfants d’immigrés d’origine extra-européenne composent en 2017 28 % des 0-18 ans contre 2 % en 1990. L’augmentation de la concentration des jeunes d’origine étrangère dans le Grand Ouest français avait déjà été soulignée par les démographes Michèle Tribalat et Bernard Aubry en 2009, dans la revue Commentaire (Les jeunes d’origine étrangère).

Des statistiques ethniques ?

La loi Informatiques et libertés du 6 janvier 1978 interdit en France la possibilité d’effectuer des statistiques ethniques. Le rapport de France Stratégie, à l’instar des travaux effectués par Michèle Tribalat et Bernard Aubry, se fonde sur la base historique des recensements de populations conçue par ce dernier à l’Insee, Saphir. Elle comporte des données situées entre 1968 et 2017 et permet d’harmoniser ces dernières.

Pierre-Yves Cusset explique que « dans le recensement, il y a une catégorie immigrée, puis le pays de naissance des parents. Si l’on croise les deux, nous savons de quelle origine migratoire il s’agit ». Cependant, le sociologue précise que ces données « ne sont pas des statistiques ethniques » ; « nous raisonnons sur des statuts migratoires, des origines migratoires », ajoute-t-il. En effet, l’échantillon de la population étudiée dans le rapport de France Stratégie ne tient pas compte par exemple des enfants nés de grands-parents immigrés.


(SOURCE) : lepoint.fr LIRE L'ARTICLE COMPLET



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