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Allemagne : charbon, austérité, crise migratoire… on ne regrettera pas Angela Merkel !

La chancelière allemande Angela Merkel quittera le pouvoir après les élections législatives qui ont lieu ce dimanche 26 septembre. Malgré des indicateurs économiques favorables, la transition écologique de son pays est ratée, les infrastructures essentielles souffrent de sous-investissement et sa politique d'austérité budgétaire a nui aux autres pays européens.

Image d'illustration

Par : Par Pierre Lann / marianne.net

La reine du compromis tire sa révérence. Devenue une machine à perdre des élections, Angela Merkel quittera le poste de chancelière qu'elle occupe depuis seize ans, après les élections législatives qui ont lieu ce dimanche 26 septembre. Au cours de ses quatre mandats, l'Allemagne est certes devenue la quatrième puissance économique mondiale, son taux de chômage a été divisé par deux et sa puissance industrielle s'est affirmée. Mais ces indicateurs économiques ne parviennent pas à cacher les conséquences d'une orthodoxie budgétaire érigée en principe absolu. Un mantra qu'elle a imposé aux pays de l'Union Européenne, qui ont également subi ses torpillages en règle.

Une transition écologique ratée

Les Allemands se souviennent de ce mois d'août 2007. Deux ans après son arrivée au pouvoir, Angela Merkel se met alors en scène au Groenland comme « la chancelière du climat ». La « Klimakanzlerin » pose fièrement en parka rouge devant un glacier menacé par le réchauffement climatique.

Et pourtant, Angela Merkel restera la chancelière de la transition écologique manquée. La faute, en partie, à une sortie du nucléaire précipitée. Dans la foulée de l'accident de Fukushima en 2011, elle annonce sa décision de se passer définitivement de l'atome dès 2022. Un objectif ambitieux, combiné avec le souhait de passer à la production de 65 % d'électricité renouvelable en 2030 et la neutralité carbone en 2045.

Dix ans, plus tard, le pays reste largement dépendant du charbon, la source d'énergie la plus polluante, qui continue de produire plus d'un tiers de l'électricité. Bilan : l'Allemagne reste le pays le plus pollueur de l'Union Européenne. Le pays émet près d'1/4 des émissions de CO2, deux fois plus que la France.

Et c'est sans compter sur les efforts déployés par l'Allemagne de Merkel pour torpiller la compétitivité de ses voisins européens, sous prétexte de transition écologique. Une note récente de l'École de guerre économique révèle que l'Allemagne multiplie les pressions pour obtenir de la Commission européenne que le nucléaire ne soit pas labellisé comme « énergie verte », un coup clairement dirigé contre la France.

Berlin fait la promo du gaz naturel, pourtant beaucoup plus polluant selon le GIEC, pour accomplir sa transition énergétique. En coulisses, la bataille est intense. Et à ce jeu, la France vient de subir une lourde défaite. Sous la pression de l'Allemagne et de l'Autriche, la Commission Européenne a court-circuité les négociations sur la taxonomie énergétique européenne, annonçant au début du mois de septembre que le plan de relance européen ne pourra pas financer des investissements dans le nucléaire.

Le naufrage de la crise des réfugiés

31 août 2015. Angela Merkel ouvre les frontières allemandes aux réfugiés syriens fuyant la guerre civile, ou plutôt elle suspend de manière unilatérale l'application des règlements de Dublin (qui prévoient qu'un demandeur d'asile pose sa demande dans le premier pays de l'espace Schengen où il pénètre), en annonçant que les demandes seraient désormais traitées en Allemagne. Quinze jours plus tard, la chancelière fait volte-face, en instaurant à nouveau des contrôles aux frontières.

Toute l'Europe est mise devant le fait accompli et certains pays de transit ferment leurs frontières, une première dans l'histoire européenne. La route des Balkans, empruntée par les réfugiés, est obstruée. La Grèce, aux abois financièrement, se retrouve à devoir assurer le rôle de gardien des frontières de l'Europe.

Pour endiguer les conséquences de ce que la chancelière considère aujourd'hui comme «une erreur», elle pousse à négocier un accord en mars 2016 avec la Turquie, où séjourne l'essentiel des réfugiés syriens désireux de se rendre en Europe. L'UE offre 6 milliards d'euros d'aides à Erdogan pour contenir les flux migratoires.

L'accord de 2016 est depuis utilisé par le régime autoritaire turc contre l'Europe. Pire, il constitue est une arme de poids dans les mains du régime autoritaire turc pour faire pression sur l'Europe et menacer Athènes.

L'accueil de plus d'un million et demi de réfugiés syriens devait réconcilier l'Allemagne avec son histoire, mais le mythe a mal vécu. La crise migratoire de l'année 2015 a laissé des traces en Allemagne, où l'audience de l'extrême-droite a largement grimpé. Surtout, l'Allemagne a montré sa fâcheuse tendance à faire porter les conséquences de ses décisions par les pays voisins.

Une intransigeance en matière budgétaire

« Quand on veut, on peut », expliquait Angela Merkel aux Grecs, acculés par la crise de leur dette en 2015. Intraitable, pendant seize ans, le nom Merkel a rimé avec le fameux « frein à l'endettement ». Un principe inscrit dans le marbre de la loi fondamentale allemande, l'équivalent germanique de la Constitution. Celui-ci limite à 0,35 % du PIB le déficit structurel de l'État fédéral et l'interdit purement et simplement aux régions. Plus qu'un principe, il s'agit d'un marqueur identitaire pour les conservateurs, le camp de la chancelière allemande.

Mais l'équilibre budgétaire à un coût. Les infrastructures allemandes sont à bout de souffle, ce qui a d'ailleurs été pointé par un rapport récent de l'OCDE. Quiconque s'est aventuré sur une autoroute outre-Rhin peut en témoigner. Selon le dernier bilan établi cet été par la société des autoroutes allemandes, 10 % des ponts autoroutiers se trouvent dans un état critique, indigne de la quatrième puissance économique mondiale.

Convaincus de son bien-fondé, les conservateurs allemands ont été les farouches défenseurs du pacte de stabilité européen, qui interdit aux États membres de présenter des déficits publics excédant 3 % de leur PIB. Après la crise financière de 2008, cette rigidité budgétaire a freiné la relance et a amené les pays du sud du continent, « mauvais élèves » budgétaires, à de très rudes plans d'austérité.

Certes, l'administration Merkel a bien été contrainte de relâcher la bride, à cause de la crise sanitaire, en suspendant l'application du « frein à l'endettement » pour 2020 et 2021. Mais son bien-fondé n'est pas remis en question, y compris par le candidat social-démocrate Olaf Scholz, ancien ministre des finances de Merkel au sein du dernier gouvernement de coalition.

La dérégulation du marché du travail

Enfin, les quatre mandats d'Angela Merkel ont marqué le triomphe de la « Deutsche Qualität ». L'industrie allemande et son insolente balance commerciale excédentaire (182 milliards d'euros en 2020, malgré la crise sanitaire, contre un déficit de 82,5 milliards en France) ont été abondamment célébrées comme la preuve du génie de la chancelière. Mais en la matière, Merkel a largement récolté les fruits des travaux entrepris par son prédécesseur, Gerhard Schröder, et ses fameuses « réformes Hartz ».

Une dérégulation en règle du marché du travail qui a conduit à favoriser la création d'emplois à bas salaires, à diminuer les indemnités de chômage et à inciter ces chômeurs à s'adapter à la sacro-sainte mobilité. Et c'est sans parler du recours abondant de l'économie allemande aux travailleurs détachés qui n'a pas permis à Angela Merkel d'échapper aux accusations de dumping social.

Bilan de la manœuvre : des indicateurs économiques florissants mais des inégalités de revenu qui ont crû à un niveau supérieur à la moyenne de l'OCDE.

Cela n'a pas empêché le débat public français d'être régulièrement vampirisé par la comparaison entre les deux pays, la France étant fortement incitée à sacrifier à la dérégulation et à la course aux bas salaires. Le modèle allemand, discutable sur le plan social, s'est également révélé antieuropéen.

L'économiste Patrick Artus écrivait qu'en la matière « il faut réaliser que l’Allemagne n’a jamais agi de manière favorable aux autres pays de la zone euro ». Sa politique est « non coopérative puisqu'il s'agit de gagner des parts de marché par rapport aux autres pays de la zone euro ». Le gigantesque excédent commercial allemand a en effet conduit à un affaiblissement de ses voisins.


(SOURCE) : marianne.net LIRE L'ARTICLE COMPLET



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