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Thomas Guénolé : « Nous arrivons à la fin d’un cycle, il va falloir changer de système »

Démocratie directe, union de la gauche, protectionnisme, Gilets jaunes… Alors que "l'après-Covid" approche à grand pas, Thomas Guénolé, politologue et intellectuel de gauche, dresse un bilan au vitriol de 30 ans de "mondialisation malheureuse". Son dernier ouvrage en date : Le Livre Noir de la mondialisation. (Plon). Entretien.

Image d'illustration

Par : Nicolas Clément / V.A.

Valeurs actuelles. Comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre noir de la mondialisation ?
Thomas Guénolé. Tout a commencé en 2015, à la suite d’une conférence donnée à l’Ecole normale supérieure en compagnie d’Emmanuel Todd, sur mon ouvrage “Les jeunes de banlieue mangent-ils des enfants ?”. Au sortir du colloque, mon “Maître Jedi” et moi sommes allés dîner. Je lui ai alors parlé d’un projet de livre qui me tenait particulièrement à cœur, mais dont j’étais certain qu’il n’intéresserait aucune maison d’édition. A l’époque, je voulais déjà écrire une analyse critique approfondie de la mondialisation.

Emmanuel Todd a réagi en m’encourageant chaleureusement à proposer ce projet à mon éditeur, affirmant que ce genre de livre était vraiment nécessaire, et qu’il était certain que mon éditeur serait d’accord. Il avait vu juste : dès le lendemain, First m’a donné son feu vert, et j’ai commencé à plancher sur La mondialisation malheureuse (2016).

En à peine trois décennies, “l’esclavage moderne” a causé 56 millions de morts.

C’est en écrivant un chapitre de cet ouvrage que j’ai eu l’idée de compter les morts de la mondialisation : guerres oubliées, morts de faim, morts de maladies pourtant soignables… Mais je me suis rendu compte que l’ampleur du sujet et des données à étudier nécessiterait un deuxième livre. C’est ainsi que trois ans plus tard, j’ai entrepris d’écrire Le livre noir de la mondialisation (2020).

Le titre de votre ouvrage fait référence au Livre noir du communisme. Est-il bien raisonnable de comparer ces deux systèmes ?
Mon ouvrage s’inspire du Livre noir du communisme dans la mesure où la démarche est similaire : compter les morts provoqués par un système. En l’occurrence, le capitalisme mondialisé. En revanche, je ne compare évidemment pas la mondialisation à l’Union soviétique. Simplement, je constate que dans les deux cas, le système étudié présente un coût humain inacceptable. Quant à ceux qui soulignent qu’à la différence des décès “non-intentionnels” provoqués par les effets de la mondialisation, les morts du communisme, eux, étaient généralement tués par décision politique intentionnelle, je leur réponds ceci : du point de vue des morts et de leurs familles, cela ne fait aucune différence.

Vous affirmez dans votre livre que la mondialisation a causé 400 millions de morts. Comment en êtes-vous arrivé à un tel nombre ?
Le sujet de ce livre-enquête est le coût humain, en nombre de morts, de la mondialisation américaine contemporaine, de la chute de l’Union soviétique en 1991 jusqu’à l’année 2017. Tout d’abord, 6,5 millions de morts dans des guerres de pillage des ressources visant à nourrir certaines industries mondialisées, comme celle du smartphone. A noter que dans ce chapitre, je livre un certain nombre de statistiques qui n’avaient jamais été données auparavant, comme le nombre de morts de la crise du Delta du Niger ou celui des guerres du Soudan. Ces guerres de pillage se déroulent dans une indifférence telle, que j’ai dû aller creuser dans des bases de données pour compiler moi-même le total des morts de certains conflits.

Deuxième chiffre marquant : 11 millions de morts de faim, alors que la production mondiale suffirait amplement à subvenir aux besoins de tous les habitants de la planète. La mondialisation en est responsable, en tant que système, notamment du fait de la répartition monstrueusement dysfonctionnelle de la nourriture par son marché alimentaire mondial.

Je ne pense absolument pas que les cultures ou les identités nationales des pays riches soient menacées par je-ne-sais-quelle “islamisation” ou “arabisation”…

En à peine trois décennies, “l’esclavage moderne”, pratiqué par exemple dans les usines de sous-traitance informatique en Chine, a causé 56 millions de morts. Plus meurtrière encore, la catastrophe écologique, provoquée par la mondialisation en tant que système planétaire consumériste et productiviste, totalise à elle seule 69 millions de morts de pollution atmosphérique. L’hécatombe la plus terrible est néanmoins celle-ci : 256 millions de morts de maladies pourtant soignables.

Je m’explique : lorsqu’une maladie comme la tuberculose occasionne des millions de décès alors qu’il existe un traitement pour la combattre, ce n’est pas la maladie qui tue – c’est le déni d’accès aux médicaments. Et la mondialisation est responsable, en tant que système, de la répartition monstrueusement dysfonctionnelle des ressources de santé par son marché mondial.

N’oublions pas, par ailleurs, les morts causés par l’économie guerrière des Etats-Unis, puissance créatrice et hégémonique de la […]


(SOURCE) : valeursactuelles.com LIRE L'ARTICLE COMPLET / [La suite est réservée aux abonnés.]



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