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Dans le magazine "Elle", les confidences d’Anne Sinclair : sa famille, sa carrière, le choc DSK

Anne Sinclair ne s'était encore jamais racontée. C'est chose faite avec « Passé composé » (Éd. Grasset). Un livre de mémoires passionnant où l'on découvre son enfance, son parcours de journaliste, ses amours et le séisme vécu avec Dominique Strauss-Kahn. Rencontre avec une femme à la franchise et à l'élégance rares.

Image d'illustration

Par : elle.fr

ELLE. Avec « La Rafle des notables » [éd. Grasset], vous vouliez laisser une trace de votre histoire familiale à vos enfants et petits-enfants. Quelle était votre intention avec ce livre que vous ne vouliez pas écrire ?

Anne Sinclair. D’emblée, je l’avoue, je me désavoue ! J’ai toujours dit que les Mémoires d’une journaliste n’avaient aucun intérêt et, en publiant « Passé composé » [éd. Grasset], je mange mon chapeau ! L’année dernière, LCP et Patrick Cohen m’ont fait un magnifique cadeau avec l’émission « Rembob’Ina », qui a rediffusé des extraits de « 7 sur 7 ». Je ne les avais jamais revus car je déteste me regarder. J’ai trouvé intéressant ce témoignage sur une époque politique et médiatique. À partir de là, j’ai eu le désir d’élargir le portrait de la fille de la télé, de raconter mon enfance, ma passion pour le journalisme et, de fil en aiguille, tout le reste.

ELLE. Dans une interview, écrivez-vous dans vos Mémoires, la deuxième question est la plus difficile ! Deuxième question donc : alors que vous vous êtes toujours tue, pourquoi raconter le séisme que vous avez vécu à New York ?

A.S. Au fond, je suis connue pour deux raisons : une émission qui reste encore dans les mémoires – tous les chauffeurs de taxi s’en souviennent ! -– et 150.000 unes de journaux dont j’ai fait l’objet à mon corps défendant… Or, je ne suis pas complètement l’une ni tout à fait l’autre, de sorte que j’ai eu envie de dire, avec pudeur et réserve, qui je suis. Le séisme qui a dévasté ma vie, je ne voulais d’abord pas en parler. Puis j’ai pensé qu’on allait me le reprocher : « Mais elle se fiche de nous ! » Alors, j’ai choisi de raconter mon ressenti, uniquement mon ressenti. Je ne me sens pas autorisée à parler d’actes qui ne sont pas de mon fait.

ELLE. Alors que vous donnez l’image d’une femme forte et sereine, on vous découvre pleine de doutes. D’où vient cette intranquillité ?

A.S. C’est vrai que, par définition, je ne suis pas très contente de moi. Je suis une femme normale, alors que j’aurais aimé être exceptionnelle, et je vous jure que ce n’est pas de la fausse modestie. Je suis pleine de doutes et en même temps très joyeuse, j’ai une grande force de vie et une bonne santé mentale. Cela vient sans doute de mon éducation, j’ai été élevée, protégée, aimée par mes parents de manière très différente. Mon père était solaire, très sociable, il adorait le Midi, la douceur de vivre et… sa fille ! Ma mère, elle, ne m’a pas autant magnifiée. Ses critiques ont probablement entamé mon ego mais je lui dois énormément. Avec mon seul père, j’aurais été fainéante ! Maman était exigeante, elle m’a aimée d’une manière qui, enfant, ne me convenait pas entièrement, mais qui a fait de moi une femme à peu près équilibrée.

ELLE. Et aussi une femme toujours en quête d’assentiment ?

A.S. Ma mère était un peu mante religieuse, nous avons eu des rapports compliqués, j’ai le sentiment désolant d’être un peu passée à côté d’elle. Elle s’ennuyait, elle était désœuvrée, je me devais d’être sa fille trophée. Mais même si je me tortillais pour lui complaire, j’ai eu l’impression de ne jamais répondre à ses attentes. J’espère ne pas en faire un portrait trop sévère, elle n’était, surtout, pas heureuse.

ELLE. Et d’humeur maussade, écrivez-vous. Est-ce par opposition à elle que vous faites toujours bonne figure ?

A.S. Cela vient plutôt du côté de mon père, dont la mère, Marguerite Schwartz, était très soucieuse de ce qu’elle appelait la force morale. Ça ne veut pas dire « never explain, never complain », je « complain a lot » ! C’est plutôt l’idée qu’on doit tenir le coup et serrer les dents.

ELLE. Vous confiez que vous n’avez pas un tempérament rebelle, mais n’arrivez-vous pas toujours à vos fins, mine de rien ?

A.S. Je suis probablement une des seules femmes qui puisse dire : j’ai annulé mon mariage parce que Pompidou est mort ! J’ai expliqué à mon fiancé d’alors qu’il fallait repousser la date de la cérémonie parce que j’étais débordée de travail à Europe 1, à cause des élections, alors que je n’étais rien du tout, à Europe, à l’époque ! Mes parents ont été formidables, ils auraient pu préférer ce garçon BCBG à l’enfant de la Ddass qu’était Ivan Levaï dont je fus plus tard éprise, mais il n’en fut rien. Il faut dire qu’Ivan est un homme rare, d’une immense générosité, nous sommes restés très proches, il est comme un frère aujourd’hui. Je vois bien la chance que j’ai eue de naître dans un milieu favorisé. Ma mère trouvait par ailleurs que journaliste n’était pas un vrai métier, elle aurait préféré que je sois dentiste !

ELLE. Pourquoi ne pas être devenue grand reporter, votre rêve d’enfant ?

A.S. Ma vocation de journaliste est vraiment née lors du coup d’État du 13 mai 1958 à Alger. Mon père, qui travaillait pour Elizabeth Arden, avait été envoyé là-bas, je sentais ma mère anxieuse, j’ai voulu en savoir plus. J’avais 10 ans, je ne connaissais rien à rien, on n’avait même pas la télé, je me suis mise à écouter la radio tout le temps ! J’ai trouvé impressionnants ces journalistes qui tendaient un micro dans les rues d’Alger pour essayer de faire comprendre la situation. Au fond, c’est assez pédagogique comme vision du journalisme, mais c’est ça que j’ai voulu faire : donner modestement des clés pour comprendre le monde. Ensuite, je suis entrée à Europe 1, le Graal pour moi, puis à la télévision. C’est vrai que j’aurais aimé faire des reportages, moins théâtraux, plus difficiles que du journalisme de plateau, mais je me suis laissé porter par les circonstances.

ELLE. Vous dites n’avoir jamais été victime de sexisme, c’est vrai ?

A.S. Absolument, je n’ai jamais ressenti l’oppression d’être femme. J’ai surfé sur une vague comme une femme alibi. Je suis féministe mais cela n’a pas été mon combat premier. Je suis profondément universaliste, ma carte d’identité est multiple : je suis femme, je suis mère, je suis journaliste, je suis française, je suis juive, je suis de gauche. En rupture avec une certaine gauche d’aujourd’hui soucieuse de communautés identitaires, alors que, pour moi, le combat premier et historique de la gauche est de réduire les inégalités. En fait, je suis une vieille modérée ! J’ai 72 ans, mon âge, ma formation, mes modèles font que je n’adhère pas à des ruptures radicales.

ELLE. Surprenant, vous dites que la télévision n’était pas votre genre, mais pourquoi ?

A.S. J’y allais comme on va au travail, et j’adorais ça, réfléchir, faire accoucher mon invité de sa pensée, de sa vision du monde. Mais, en même temps, j’ai toujours pensé que la télé, ce n’était pas grand-chose… La notoriété n’est en rien un gage de qualité. Quand on fait du journalisme de plateau, on est aussi connu que quand on donne les résultats du loto ! J’ai toujours pris la télévision avec distance.

ELLE. Peut-on dire que le milieu politique n’était pas votre genre, non plus ?

A.S. J’aimais l’observer, le comprendre, mais j’aurais été incapable d’être militante. La dernière année de son quinquennat, François Hollande m’a proposé de devenir son ministre de la Culture, c’était un grand honneur que j’ai évidemment décliné. La politique est affaire de compromis, voire de compromission, et je ne suis pas douée pour cela. Face à l’Histoire, Mitterrand a eu raison et Pierre Mendès France tort, mais c’est ce dernier que j’admire le plus.

ELLE. Vous parlez souvent de votre sentiment de culpabilité, mais coupable de quoi ?

A.S. De tout ! J’ai un sentiment d’incomplétude. J’ai surtout eu l’impression de n’avoir pas été assez présente avec mes enfants. Lorsque TF1 a été rachetée par Bouygues, mon fils s’est exclamé : « Peut-être qu’ils vont te virer et que tu pourras enfin venir me chercher à l’école. » Sa phrase m’a heurtée, mais ne m’a pas empêchée de continuer de travailler. J’aurais aimé être une mère exceptionnelle, là aussi, je n’ai pas le sentiment de l’avoir été. Cela dit, mes enfants n’ont pas l’air de m’en tenir rigueur, ils sont adorables avec moi, heureux et équilibrés, je n’ai pas dû être une si mauvaise mère que ça, finalement...

ELLE. Vous qui rêviez d’une famille nombreuse, vous avez eu deux fils…

A.S. Mais j’ai adopté mes deux belles-familles, celle d’aujourd’hui, les Nora, des êtres d’une affection et d’une générosité inouïes, et avant eux les Strauss-Kahn. Les enfants de Dominique, je les aime. J’ai adoré cette tribu, on a fait ensemble des voyages de rêve.

ELLE. Vous arrivez à vous souvenir des jours heureux avec Dominique Strauss-Kahn ?

A.S. J’essaie d’être à peu près équitable, de ne pas tout repeindre aux couleurs d’aujourd’hui ou d’hier. Nous avons eu une période très heureuse, j’ai aimé cette vie et j’ai aimé cet homme et […]


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