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[VIDEO] - Ce qui est reproché à Bamdad A., multirécidiviste, coupable de viols et ressorti libre du tribunal d’Evry

Dans une vidéo devenue virale, une jeune femme s'est scandalisée de la peine prononcée à l'encontre de son violeur par le tribunal d'Evry, ce mercredi 29 juin. Son agresseur, Bamdad A., est un chauffeur de taxi de 39 ans, natif de Téhéran, déjà condamné pour des agressions sexuelles sur mineur, vol en réunion, violences et outrage. A nouveau condamné, il est pourtant ressorti libre du tribunal. Voici les détails de l'affaire.

Image d'illustration

Son témoignage a fait le tour des réseaux sociaux. Ce mercredi 29 juin, Karine Sanzalone, 25 ans, s’est filmée en pleurs à la sortie du procès qui l’opposait, en tant que victime, à Bamdad A., jugé par la cour d’assises de l’Essonne pour plusieurs viols et une agression sexuelle et condamné à six ans de prison, dont deux ferme, mais aménageable… et donc pas nécessairement ferme. Ressorti libre de l’audience, il n’ira pas en prison si le juge d’application des peines décide de lui aménager sa peine. « Est-ce que c’est normal ? (…) Je demande à quiconque peut m’aider aujourd’hui de contacter n’importe quel média parce qu’on a dix jours pour pouvoir faire appel », explique la jeune femme face à son téléphone. Elle a depuis témoigné sur CNews, puis sur BFMTV : « Je fais confiance en la justice parce que je n’ai qu’elle. »

Voici l’affaire, dont Valeurs actuelles a pu se procurer le détail des faits et le profil du coupable. L’affaire remonte à l’année 2016, et commence plus précisément en août, avant de se prolonger en octobre, en pleine polémique autour des policiers brulés de Viry-Châtillon. Une agression sexuelle et deux viols ont lieu cette année-là, avec des plaintes plus ou moins différées. Le premier viol se déroule le 9 octobre 2016, à 23h30, alors que Karine Sanzalone achève son service dans le restaurant où elle travaille. Un chauffeur de taxi, Bamdad A., natif de Téhéran en Iran, âgé de 34 ans (il en a aujourd’hui 39), et déjà condamné à plusieurs reprises (voir fin de l’article) lui propose de la ramener gratuitement chez elle. « Elle a d’abord refusé et a accepté suite à son insistance, rassurée par son statut de professionnel », indique le tribunal d’Evry dans le document motivant son jugement, après avoir entendu les différentes versions et pris connaissance des éléments de l’enquête. Le même document souligne ensuite l’empressement du chauffeur à parler de l’intimité sexuelle de la jeune femme, alors âgée de 19 ans.



Elle précise s’être sentie prise au piège dans, le véhicule de son agresseur.

« Il l’a alors interrogé sur ses pratiques sexuelles, peut-on lire, lui a proposé de l’argent contre un acte sexuel, avant de la faire passer à l’arrière du taxi, d’exhiber son sexe, de le lui faire toucher et de lui imposer des frottements, puis une fellation et des pénétrations digitales, anales et vaginales ». Et ce, sans qu’à aucun moment Karine Sanzalone n’en manifeste la moindre envie. Au contraire, celle-ci affirme avoir « tenté de s’opposer à la pression insistante et répétée de l’accusé et de s’être soumise aux actes contre sa volonté. (…) Elle précise s’être sentie prise au piège dans, le véhicule de son agresseur, lequel l’a impressionné et a exercé une pression physique, en la tenant, en dirigeant ses mouvements, et une pression morale par son discours ». D’où la reconnaisse, par la justice, d’un acte contraint, et donc, par la même, d’un viol. L’agresseur, Bamdad A., réfute quant à lui avoir forcé le consentement de Karine Sanzalone, dont d’ailleurs il dit ne pas se souvenir, bien qu’il reconnaisse que le mode opératoire de « drague » relaté par la jeune femme est bien le sien.

Et pour cause, celui-ci procède de la même façon avec chacune ses victimes. Le 21 octobre il récidive. Il est entre 17 et 19h, lorsque Samantha C., âgée alors de 18 ans, marche dans la rue, dans le 14e arrondissement de Paris. Elle est alors apostrophée par un chauffeur de taxi, le même, qui lui demande une cigarette. Pour la remercier de ce geste, Bamdad A. lui propose une course gratuite et la conduit à la gare de Massy où le véhicule de la jeune femme est stationné. Proposition qu’elle aussi accepte parce que le chauffeur, auréolé de sa licence de taxi, insiste fortement. Assise à l’avant du véhicule de Bamdad A., la jeune femme subit le même engrenage de « drague ». La conversation s’engage sur leurs pratiques sexuelles, le conducteur montre alors « une vidéo érotique le mettant en scène, elle-même lui ayant présenté une photo d’elle dénudée ». Par la suite, le chauffeur tente des attouchements, auxquels la jeune femme ne manifeste pas d’opposition claire, quoique mal à l’aise. La voiture arrive enfin à la gare de Massy, et stationne sur le parking, permettant à Bamdad A. d’entraîner Samantha C. sur la banquette arrière pour lui faire subir des pratiques sexuelles similaires à celles infligées à Karine Sanzalone. Et ce, là encore, malgré la résistance et les refus physiques et verbaux exprimés par la jeune femme.

Il dit avoir été « encouragé par la liberté de ton de Samantha F. »

Devant le jury, le chauffeur de taxi a reconnu avoir abordé la jeune femme dans le but de la « draguer selon un mode opératoire compulsif et répétitif », indique le tribunal. Le même, tout en confirmant les gestes décrits par la victime, « admet avoir été insistant pour parvenir à ses fins » mais aurait été « encouragé par la liberté de ton de Samantha F. ». L’expertise psychologique de la jeune femme révèle pourtant « un état de stress post-traumatique aigu en corrélation avec les faits dénoncés » selon les documents judicaires consultés. Un cousin de Samantha C., qui l’accompagnera déposer plainte auprès de la gendarmerie, témoigne par ailleurs avoir vu sa cousine, dès le soir-même, en état de choc. Le jury a donc, là aussi, considéré qu’il y avait eu contrainte et viol.

Une troisième victime, Candida F., 20 ans, porte plainte quant à elle le 19 décembre 2016 pour des faits qui remontent au mois d’août. Bamdad A. a recours au même mode opératoire: il propose à la jeune femme un trajet gratuit et insiste pour qu’elle monte dans son taxi. Une fois la porte refermée, le chauffeur la complimente « avant d’exhiber son sexe, de se vanter de sa taille », puis de procéder à des attouchements. Face au refus de la jeune femme, il renonce finalement à aller plus loin. Mais, là aussi, Bamdad A. affirme que sa passagère était consentante, ce que cette dernière réfute catégoriquement. Puisqu’il n’y pas eu pénétration, mais seulement attouchements, la justice a retenu le fait d’agression sexuelle envers Candida F. qui, contrairement aux deux autres, n’a pas souhaité se présenter à l’audience, à Evry.

Les enquêteurs sont parvenus à relier ces trois affaires, étalées sur l’année 2016, en analysant notamment le téléphone de Bamdad A., dans lequel se trouvaient de nombreux contacts féminins, dont celui des trois victimes Karine, Samantha et Candida, le chauffeur ayant réclamé chaque fois leur numéro après les avoir agressées. D’autres jeunes femmes pourraient avoir elles aussi été victimes de ces agissements, d’autant qu’au moment des faits, c’est-à-dire du mois d’août à octobre 2016, Bamdad A. avait déjà été condamné pour trois agressions sexuelles par le passé.

Malgré son lourd casier judicaire, Bamdad A. n’est jamais passé derrière les barreaux

Ce mercredi 29 juin, le jury populaire de la cour d’assises d’Essone a condamné le chauffeur à six ans de prison, dont quatre avec sursis, c’est-à-dire en cas de nouvelles condamnations, et à deux ans de prison ferme… néanmoins aménageables par le juge d’application des peines, puisque les faits sont antérieurs au 24 mars 2020, date avant laquelle l’aménagement de la peine était encore possible pour des peines de deux ans d’emprisonnement. « Pour une infraction commise avant le 24 mars 2020, lorsque la peine est inférieure ou égale à deux ans, elle ne peut être aménagée que si la situation et la personnalité du condamné le permettent, et sauf impossibilité matérielle », indique l’administration française sur son site Service-public.fr. Ce qui veut dire, au vu de la situation personnelle de Bamdad A. (qui a un travail et une famille), qu’il y aurait de forte chance pour qu’il n’exécute pas sa peine en prison.

D’où l’enjeu, pour les victimes, et pour le parquet d’Evry-Courcouronnes, d’obtenir une peine de prison supérieure à deux ans. D’où, surtout, l’émotion de Karine Sanzalone à l’issue du verdict, et sa vidéo sur les réseaux sociaux. A noter, toutefois, que le code pénal indique qu’en cas de récidive la peine doit être d’un an maximum pour pouvoir être aménagée, même pour des faits antérieurs au 24 mars 2020. Or, Bamdad A. était en état de récidive. Mais il y a de fortes chances, compte tenu de l’étendu du pouvoir de juge d’application des peines, que le chauffeur de taxi échappe à la prison ferme, indique Me Sonia El Midouli, l’avocat de Karine Sanzalone. « Toutes les peines alternatives ont été essayées contre lui, c’est pour ça que nous avons été choquées » explique-t-elle à Valeurs actuelles.

De fait, le casier judiciaire de Bamdad A. est loin d’être vierge. Il a été condamné une première fois en 2010 pour des faits de vol en réunion, puis en 2015 pour port d’arme blanche et outrage sur une personne dépositaire de l’autorité publique. Pour cette seconde condamnation, sa peine de trois mois d’emprisonnement est finalement transformée en travaux d’intérêt général. Le 5 janvier 2016, il est à nouveau condamné, cette fois pour des faits d’agression sexuelle sur trois mineurs, victimes de ces agissements au cours des années 2009, 2010 et 2012. Le tribunal le condamne alors à un an de prison avec une mise à l’épreuve de trois ans (expirée aujourd’hui, puisqu’elle courait jusqu’en 2019), durant lesquels il doit se tenir tranquille, sans quoi il passe derrière les barreaux pour de bon. Ce qui ne l’empêche pas d’agresser sexuellement, sept mois après cette condamnation, Candida F., puis de récidiver le 9 octobre avec Karine Sanzalone, qu’il viole dans son taxi. Le 12 octobre 2016, Bamdad A. est condamné pour des violences commises en avril de la même année, et ayant entrainé une incapacité supérieure à 8 jours. Mais la justice ne l’envoie toujours pas en prison et lui inflige à la place une suspension de son permis de conduire pendant 1 an. Neuf jours plus tard, alors qu’il n’a plus le droit de conduire, il croise la route de Samantha C., qu’il viole après l’avoir fait monter dans son taxi.

Pour justifier son verdict rendu mercredi 29 juin, le jury du tribunal d’Evry a indiqué, de son côté, avoir tenu compte d’une part de la « gravité des faits », mais aussi, d’autre part, de la répétitivité des faits émanant d’une « quête addictive », qui nécessiterait un suivi socio-médical, d’un contexte familial difficile « depuis l’enfance » pour l’accusé, mais aussi de « gages d’insertion par le respect depuis plusieurs années d’obligation de soin », ainsi que par l’existence « d’une situation familiale et professionnelle stabilisées ». Le jury a également décidé d’interdire à Bamdad A. toute pratique du métier de chauffeur de taxi à vie, ce qui n’l’empêchera néanmoins pas de rester gérant de sa société de taxi. Le parquet d’Évry, qui avait requis une peine bien plus sévère, a fait appel de cette décision.

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