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Variole du singe : Pourquoi les choses s'accélèrent ?

Le virus circule fréquemment en Afrique, mais la centaine de cas récemment répertoriés dans 11 pays interroge, alors que la variole du singe est censée être peu contagieuse.

Image d'illustration

Les épidémiologistes du monde entier regardent avec attention l’évolution d’un virus, et ce n’est pas le Sars-Cov2. Début mai, l’agence de santé britannique alertait sur la découverte de plusieurs cas de variole du singe. Depuis, les choses s’accélèrent. 127 cas suspectés ou confirmés ont été enregistrés dans plus d’une dizaine de pays, dont la France ce vendredi 20 mai. Vendredi toujours, l’OMS devrait tenir une réunion d’urgence sur le sujet, selon le Telegraph et Reuters. “Alors que nous entrons dans la saison estivale (...) avec des rassemblements, des festivals et des soirées, je crains que la transmission s’accélère”, a affirmé le directeur de l’OMS pour l’Europe, Hans Kluge.

La variole du singe est un virus bien connu, découvert dans les années 50 et qui circule activement dans certains pays d’Afrique depuis des décennies. Souvent bénigne, cette maladie peut parfois entraîner des formes graves, voire le décès, mais le vaccin contre la variole est très efficace contre la variole du singe. De plus, comme le rappelle l’OMS, “la plupart des cas répertoriés en Europe sont légers pour le moment”. Le virus ne semblant pas nouveau et relativement contrôlable, pourquoi la communauté scientifique et sanitaire est-elle en alerte?

“Ce qui semble atypique aujourd’hui, c’est l’apparition de plusieurs cas dans différents pays simultanément”, explique au HuffPost Yannick Simonin, virologiste à l’Inserm et l’université de Montpellier, spécialiste des virus émergents. “Les données préliminaires font penser à une transmission entre humains plus importante que ce que l’on observait. Cela pose question”.

Cette accumulation de cas dans divers pays très éloignés (Portugal, Canada, Australie...) est étonnante. Mais, l’exemple du Covid-19 le montre bien, il faut se garder de tirer des conclusions hâtives, dans un sens comme dans l’autre. Ces clusters peuvent être simplement le résultat d’un événement superpropagateur unique. Ils pourraient également montrer que nous suivons vraiment mal cette maladie en Afrique et que l’humanité y est plus vulnérable que prévu. Enfin, la situation actuelle pourrait également être due à une nouvelle version du virus de la variole du singe, plus contagieuse.

Une maladie fréquente en Afrique

Il faut rappeler que ce virus, qui circule majoritairement chez les rongeurs, touche des milliers de personnes en Afrique tous les ans. “Depuis le début de l’année en République Démocratie du Congo, on a dénombré 1284 cas sur une quinzaine de provinces”, rappelle Yannick Simonin. 58 décès ont été enregistrés, “mais il faut bien se rappeler que de nombreux cas bénins n’ont certainement pas été répertoriés”, précise le virologue.

De manière générale, les chercheurs estiment que cette maladie se propage très peu entre humains, car elle nécessaire une forte charge virale et donc des contacts proches et prolongés. “Ce que l’on voit dans de nombreux pays d’Afrique, ce sont des foyers qui éclosent après l’infection d’individus par un animal hôte et qui entraîne des clusters plus ou moins importants pouvant aboutir à une épidémie globale de plusieurs centaines voir milliers de cas”, explique Yannick Simonin. Mais au bout d’un moment, le foyer s’éteint de lui-même, car le virus n’est pas assez efficace pour se transmettre d’humain en humain à une échelle plus globale.

“Ces clusters en dehors d’Afrique pourraient être favorisés par le retour à la normale du trafic aérien après le Covid, notamment dans les échanges entre l’Afrique et l’Europe. C’est peut-être l’hypothèse la plus probable”, note le virologue. Surtout que la surveillance épidémiologique dans ces pays n’est pas aussi efficace qu’en Europe, faute de moyens.

Le vaccin contre la variole protège contre la variole du singe à 85%. Une bonne nouvelle. Sauf que la variole ayant été éradiquée (c’est la seule à l’avoir été, grâce à un vaccin), l’immunité croisée diminue: il y a de moins en moins de gens vaccinés et, même pour eux, l’immunité baisse petit à petit, comme pour les autres vaccins. “Cette baisse de l’immunité collective n’est pas récente et se fait petit à petit, elle peut faciliter la propagation, mais ne suffit pas à expliquer l’émergence récente de ces cas”, rappelle Yannick Simonin.

Une transmission qui pose question

L’autre grande possibilité, c’est que le virus de la variole du singe ait évolué. S’il n’y a pour l’instant aucune preuve de cela, l’accumulation des cas à l’international interroge. Des malades sont répertoriés régulièrement, mais presque toujours après un voyage dans un pays d’Afrique où le virus est endémique (présent régulièrement). L’un des plus grands foyers, enregistré aux États-Unis en 2003, était dû à une situation bien particulière: l’arrivée sur le territoire de rongeurs infectés qui ont contaminé des chiens de prairie, qui ont eu même infecté des humains.

Aujourd’hui, la situation semble pour le moment différente. “Si le nombre de cas est encore relativement faible, ce qui est inquiétant, c’est que certains des cas semblent avoir été acquis sans lien avec un voyage dans des pays où la variole du singe est connue pour être endémique”, précise le 20 mai l’OMS Europe.

“De plus, de nombreux cas ont été détectés dans des cliniques spécialisées dans les infections sexuellement transmissibles”, rappelle l’organisation. “Les cas que l’on observe interrogent: si le virus a muté, peut-il avoir acquis une meilleure transmission, par exemple sexuelle? Mais un rapport sexuel implique des contacts rapprochés, donc cela pourrait être un autre mode”, énumère Yannick Simonin.

Ce vendredi 20 mai toujours, des virologues ont mis en ligne le premier séquençage d’un génome du virus, récupéré sur un patient portugais. “Il est encore un peu tôt pour avoir une analyse génomique claire, il faudrait avoir plus de séquences complètes pour analyser les mutations”, précise le virologue. “Ce que cette séquence nous montre, c’est que le virus de la variole du singe qui circule en Europe est proche de celui que l’on trouve en Afrique de l’Ouest, qui est moins virulent que le second variant existant, qu’on nomme centrafricain”.

Pour le moment, l’incertitude règne et c’est justement pour cela qu’il est nécessaire que les autorités de santé agissent vite. C’est en détectant les cas et en traçant les contacts que l’on pourra avoir une vision plus claire de ce qu’il se passe avec ces foyers de variole du singe.

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