France

[France][bsummary]

Europe

[Europe][bsummary]

International

[International][bsummary]

SCI-TECH

[SCI-TECH][bigposts]

Faits divers

[Faits divers][twocolumns]
Suivez nous sur :

Guerre en Ukraine : Et pendant ce temps-là, Macron se taille la part du lion

Tandis que le scrutin d’avril se rapproche, le président sortant, qui n’est pas encore officiellement candidat, continue de creuser l’écart avec ses concurrents. Une supériorité d’altitude qu’il doit aussi bien à la conjoncture internationale qu’à son refus constant de descendre dans l’arène.

Image d'illustration

À quelque chose malheur est bon. Enfin, surtout pour Emmanuel Macron. À 38 jours du premier tour de l’élection présidentielle, le candidat à sa propre succession – quoique sa situation ne soit pas (encore) officiellement clarifiée – bénéficie d’un alignement de planètes inédit. Il y a encore deux semaines, une éternité à l’échelle temporelle des événements, son refus de descendre dans l’arène était dénoncé comme une attitude de planqué par ses adversaires.

Une volonté de se soustraire au débat

À tort ou à raison, et sans doute plus souvent à raison qu’à tort, le chef de l’État donnait l’impression d’enjamber la campagne présidentielle. Ses troupes, elles, avançaient une autre explication, à savoir que le président ne pouvait raisonnablement battre la campagne tant que la situation sanitaire n’était pas stabilisée. Pour les débats de fond et la reddition des comptes tant attendus par ses adversaires, on verrait plus tard. Une stratégie d’évitement difficilement tenable dans un moment où, précisément, la confrontation d’idées devrait être de rigueur.

Il est évident que Macron tire un avantage non recherché de ce conflit

Voilà, à gros traits, pour le tableau de la campagne avant le 24 février. La suite se joue à quelque 2000 km de nos frontières, en Ukraine, où le président russe a lancé une invasion de grande ampleur. Cette fois, ce n’est pas du chiqué, la posture de surplomb feinte hier par Emmanuel Macron trouve aujourd’hui une justification. « Avant même le début du conflit, dont il ne pouvait pas prévoir la tournure, le chef de l’État avait d’ores et déjà prévu d’échapper à la campagne. L’actualité internationale est venue renforcer sa stratégie », note le député LR du Vaucluse, Julien Aubert. Il en veut pour preuve que Macron a sciemment choisi de prendre la tête de la présidence tournante de l’Union européenne en pleine campagne présidentielle ; dénotant ainsi une volonté de se soustraire, autant que faire se peut, à la confrontation des idées, à l’exercice du jeu démocratique en période électorale. « Certes, il ne pouvait pas anticiper le déclenchement d’une guerre aux portes de l’Europe. En choisissant toutefois de briguer cette présidence, dont il avait la possibilité de demander le report en deuxième partie d’année, le chef de l’État n’ignorait pas qu’il acceptait l’imprévu durant six mois », fait remarquer le président du mouvement Oser la France.

Campagne étouffée, élection dévitalisée

De fait, sa double casquette de président de la République et de président du Conseil de l’Union européenne le place en première ligne dans cette crise internationale. Autant dire une rente de situation à un peu plus d’un mois de l’échéance présidentielle. Les derniers sondages vont en ce sens : avec un socle oscillant entre 26 et 27 % des intentions de vote au premier tour, loin devant ses premiers concurrents, Emmanuel Macron est à son plus haut niveau depuis le début de l’année. « Il est évident qu’il tire un avantage non recherché de ce conflit. Ce qui s’explique essentiellement par un réflexe légitimiste. En période de crise, le chef d’État, quel qu’il soit, gagne toujours des points », observe le maire LR d’Antibes, Jean Leonetti. Et quid de l’opposition ? Est-elle condamnée à faire de la figuration ? « Non, poursuit l’ancien ministre chargé des Affaires européennes, mais elle doit faire preuve de responsabilité et accepter que la situation internationale prime sur les joutes électorales. » Pour autant, Jean Leonetti ne perd pas de vue la nécessité d’un débat démocratique dans le cadre de la campagne présidentielle : « Que la campagne soit mise entre parenthèses, cela s’entend. En revanche, il serait pour le moins dangereux de la mettre sous l’éteignoir. On ne peut pas escamoter un débat de cette importance dans un pays aussi divisé. »

Le chef de l’État n’est pas responsable de la qualité des autres candidats

De son côté, Julien Aubert ne se fait pas d’illusions sur la suite de la campagne : « Aurait-il la volonté de descendre dans l’arène – ce qui n’a jamais été le cas – Emmanuel Macron ne le pourrait pas. L’agenda diplomatique s’impose désormais à lui, ce qui ne lui laisse guère de temps pour débattre avec ses adversaires. » Et c’est bien dommage, car s’il est une faille que ses concurrents les plus sérieux brûlent d’exploiter, c’est son bilan. Mais comment le lui coller sous le nez s’il ne daigne pas leur prêter attention ? « Ce sont de fausses excuses », balaie l’ex-LR Renaud Muselier qui a récemment apporté son soutien au président sortant. « On ne peut pas fonder une stratégie électorale en misant tout sur la critique du bilan de son adversaire. Le but d’une campagne électorale, c’est de créer une alchimie qui porte à la victoire. Ces prétendants à l’Élysée avaient-ils réussi à imprimer avant la crise ukrainienne ? La réponse est non », tacle le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Un proche d’Emmanuel Macron abonde en ce sens : « Le chef de l’État n’est pas responsable de la qualité des autres candidats. »

Alors, c’est tout ? Pas de grandes confrontations entre le projet du président et ceux de ses concurrents ? Renaud Muselier n’y voit pas de difficulté : « C’est une stratégie électorale comme une autre. Comme l’indique Sun Tzu dans son Art de la guerre, on n’est pas obligé d’aller sur le terrain de son adversaire. L’important, c’est de gagner. »

On pourrait aussi bien lui opposer cette tirade du Cid : « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Mais pour Julien Aubert, il y a plus problématique encore. Non seulement un risque d’abstention record dans un climat d’apathie généralisée, mais également la possibilité d’une éruption sociale, à terme, en cas de réélection du président sans autre forme de débat : « Quand on prive les électeurs d’alternance, ils la trouvent ailleurs. C’est comme une cocotte-minute dont les valves seraient bloquées, la pression trouve toujours un endroit où sortir. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans les commentaires sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à 01topinfo.fr ®