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Valls s'attaque à Zemmour : les extraits exclusifs de son nouveau livre

L'ex-Premier ministre publie le 12 janvier "Zemmour, l'antirépublicain" (Ed. de l'Observatoire), un essai tranchant pour démonter les contradictions du zemmourisme.

Image d'illustration

Le mensonge en bandoulière, selon Manuel Valls, Eric Zemmour bat la campagne et se fiche de tenir un discours cohérent. Mais entre ses provocations et sa façon d'ériger le repli sur soi en idéal, il ne laisse pas indifférent une partie des électeurs et parvient à imposer une idéologie : le zemmourisme. "Un antihumanisme", cingle l'ancien Premier ministre.

Il n'était pas question pour Valls de ne pas prendre part à cette campagne présidentielle. Pas de candidature cette fois mais un livre pour combattre celui qui fait figure d'outsider. Bien sûr, il s'agit de pointer de la plume les contrevérités égrenées par le journaliste-candidat, mais aussi d'interroger : de quoi le zemmourisme est-il le nom ? Pour l'ex-chef du gouvernement de François Hollande, qui n'a jamais ménagé la gauche, aucun doute : Zemmour est "le symptôme de nos échecs passés", à commencer par celui qui a consisté à refuser de voir "l'insécurité culturelle", théorisée par le regretté Laurent Bouvet.

EXTRAITS

Sa lutte pour disculper les ennemis de la République

Eric Zemmour ne se contente pas de manipuler et de détourner les faits pour instiller le doute et susciter les questionnements. Son arme privilégiée, c'est le faux. Il n'hésite pas à manier le mensonge pur et simple et à réécrire entièrement les faits historiques. La morgue avec laquelle il présente ses impostures vide de toute substance les discours de ses contradicteurs, même les plus rationnels et scientifiques. Son aura, à laquelle trop peu osent répondre, lui permet en effet d'ouvrir la boîte de Pandore des impostures et de rendre plausible tout ce qu'il souhaite.

Se targuant de faire oeuvre d'historien, il continue en réalité son travail systématique de sape de l'héritage humaniste de la République, poursuivant le creusement du sillon mortifère inauguré par les nationalistes de l'Action française. Il ment sans vergogne pour excuser l'inexcusable.

C'est ainsi que se voient dédouanés tour à tour les antidreyfusards, Pétain, le régime de Vichy ou les tortionnaires d'Algérie. Il est frappant d'observer la place qu'occupe dans son discours la réhabilitation automatique des forces antijuives qui ont installé l'antisémitisme en France.

Eric Zemmour a beau dire qu'il n'a jamais souhaité réhabiliter Vichy, l'ensemble de sa vision de l'Histoire systématise sa lutte pour disculper les ennemis de la République. Sous couvert d'exhumer - sans arrière-pensée, se défend-il - la complexité historique et de ne faire qu'apporter de prétendues nuances à la pensée d'un "système" qui ne voudrait pas voir l'Histoire en face, il poursuit en réalité la grande oeuvre de l'extrême droite française depuis des décennies : nourrir le négationnisme et fomenter la disparition de la République.

Le réveil de la bête immonde

Il se voit en homme providentiel, leader de cette révolution conservatrice et portant au pouvoir ses idées discriminatoires et excluantes. Même s'il n'y parvenait finalement pas, il entend a minima contribuer à la création d'un bloc politique réactionnaire - par exemple à l'occasion des élections législatives avec le RN et une partie des LR - qui représenterait un grave danger pour la démocratie. En effet, le politologue Jean-Yves Camus a bien montré que le polémiste agrège tous les pires mouvements extrémistes, négationnistes et ultracatholiques qui rejetaient autrefois l'ensemble de la sphère politique, y compris les Le Pen : Renaud Camus, inventeur du concept de "grand remplacement", le voit comme "une source de grande espérance" ; les militants de l'Action française ou de Génération identitaire, qu'Eric Zemmour avait défendue lors de sa dissolution, constituent les premiers rangs de ses équipes jeunes ; l'antijuif Hervé Ryssen le soutient malgré son antisémitisme, considérant que lorsqu'un Juif ne tient pas "le discours dominant", alors il "n'est pas juif" ; le parti politique ultracatholique Civitas partage tous ses constats et seule la judéité de Zemmour l'empêche de le soutenir ; le youtubeur masculiniste Papacito le voit comme une "bouffée d'oxygène énorme"...

Cette reviviscence témoigne d'une inquiétante désinhibition qui, dans un contexte de montée de la violence dans la société tout entière, me fait craindre un passage à l'acte de l'ultradroite. Face au réveil de la bête immonde, les républicains doivent réaffirmer la prééminence de leurs valeurs.

Raviver le sentiment national

Les républicains doivent d'abord restaurer la tradition française du sentiment national. Je ne cesse de le répéter car il s'agit pour moi du grand malheur de la France d'aujourd'hui : le débat public est pollué par ces identitaires des deux rives qui, dans un pas de deux diabolique, s'entendent sur une vision raciale de la société. Les discours politiques communautaires se multiplient. On ne parle plus à la Nation tout entière mais l'on s'adresse uniquement à des groupes d'individus.

Chez une certaine gauche, on parle de "créolisation" et, partant, on catégorise les individus en fonction de leurs origines. Cherchant probablement au départ à bien faire, on analyse la société par le biais du concept de l'intersectionnalité des oppressions, contribuant là aussi à séquencer la Nation en une multitude de groupes aux fondements ethniques, culturels, religieux ou de genre.

A l'extrême droite, on manie également volontiers la notion de race et l'on ne présente la Nation que comme le résultat de faits objectifs et d'une forme de déterminisme. Cette conception est de nature à écarter, de façon définitive, nombre de nos compatriotes, issus de l'immigration ou musulmans le plus souvent.

Ces deux visions de la société, qui paraissent s'opposer, sont en réalité d'accord sur l'essentiel et manient le même vocabulaire. Zemmour et les "woke" ont cela en commun qu'ils définissent régulièrement les personnes à travers leur genre et leur couleur de peau : "homme blanc ou noir", "femme blanche ou noire".

Zemmour le communautariste

Eric Zemmour valorise une acception excluante de la Nation. Si l'on n'est pas "de race blanche", si l'on n'est pas chrétien, si notre culture d'origine n'est pas française, alors on est présumé ne pas appartenir à la communauté nationale. Ce faisant, il dessert son propre objectif, puisqu'il contribue à rétablir dans la sphère publique les différences de chacun et favorise ainsi le communautarisme.

La conception subjective de la Nation a ce grand mérite de prioriser l'appartenance commune, tout en laissant une place aux différences individuelles.

[...] Nous avons trop cédé à l'extrême gauche et avons cessé de valoriser la fierté nationale et d'insuffler un fort sentiment d'appartenance. Au contraire, nous avons contribué à rabaisser la France en substituant trop souvent la seule repentance de nos échecs aux commémorations de nos réussites. Je n'aime pas l'utilisation du terme "République" ou "France" lorsque l'on reconnaît des erreurs qui sont en réalité celles d'hommes ou d'institutions qui, lorsqu'ils agissaient, s'éloignaient de ce qu'est la France. Comment faire aimer un pays et donner l'envie de faire partie d'une communauté, quand cette dernière ne donne même pas le sentiment d'être fière d'elle-même ?

Symptôme de nos échecs passés

Le zemmourisme est un antihumanisme. Que cherche Eric Zemmour ? Incontestablement, à déconstruire méthodiquement l'héritage humaniste et républicain grâce auquel la France est pourtant reconnue à travers le monde.

Qui est-il ? Manifestement, un héritier des contre-révolutionnaires, xénophobes et pétainistes, qu'il cherche en permanence à réhabiliter, jusque dans l'ignominie de leur pensée et de leurs actes. Il est également un homme, il faut le rappeler une nouvelle fois, doublement condamné pour des faits de provocation à la haine, et sous le coup de dix autres procédures en cours pour injures, provocation à la haine ou encore contestation de crime contre l'humanité. Pour ces dernières, il bénéficie naturellement de la présomption d'innocence. Cela n'enlève toutefois rien à ce que le fond de ses propos dit du positionnement d'Eric Zemmour dans le débat public.

De quoi est-il le symptôme ? Indéniablement, de nos échecs passés et du mal-être d'un peuple en manque de repères, exposé à un malaise identitaire.

Quel risque représente-t-il ? Dans le pire des cas, si par malheur il venait à accéder à l'Elysée à la faveur de l'un de ces mouvements subversifs de désespoir auxquels les Français sont accoutumés, qui s'exprimerait autant par un vote pour l'extrême droite que par le péril civique que représente l'abstention, l'application de ses idées réactionnaires. Dans tous les cas, si on le laisse faire, la réémergence d'un discours raciste et xénophobe dangereux et décomplexé. D'ailleurs, quels que soient son score et son positionnement à la fin, cette rhétorique de la haine et de l'excès fait d'ores et déjà passer Marine Le Pen pour plus modérée et la renforce ainsi paradoxalement en cas de qualification au second tour.

Comment agissent les démocrates en réponse ? Malheureusement, comme trop souvent dissimulée derrière des postures morales, à grand renfort de "no pasaran" et de discours verbeux sur "les heures les plus sombres de notre histoire", la gauche, comme déjà dans les années 1980, ne s'interroge pas sur les causes et sur la réponse à apporter à la montée du national-populisme. [...]

Ce sera le grand enjeu de la présidentielle de 2022 pour les républicains de tous bords. Assumer de développer un discours alternatif, un autre récit national. A une France fantasmée faite de chevaliers, de croisades et de combats de "race", nous devons opposer un pays ouvert, humaniste, conscient et fier d'inspirer le monde. Le grand avantage de la seconde vision sur la première, c'est qu'elle n'est pas qu'une nostalgie et qu'elle permet de se projeter dans l'avenir, de construire. Elle n'en demeure pas moins exigeante et refuse tout angélisme. C'est pourquoi je ne pardonne pas à une partie de la gauche d'avoir abandonné la Nation aux nationalistes, l'assimilation aux xénophobes, la laïcité aux communautaristes. Face à l'offensive de l'islamisme, elle a été lâche ou complaisante.


(SOURCE) : lexpress.fr SOURCE / LIRE L'ARTICLE COMPLET

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