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[VIDEO] Menaces sur les candidats à la présidentielle : "un attentat est possible"

Emmanuel Macron a reçu un projectile lors d'un bain de foule et Éric Zemmour a été menacé de mort dans la rue, le lundi 27 septembre, ce qui laisse planer des menaces sérieuses sur la sécurité des candidats à la présidentielle. Un attentat est possible, explique à Marianne Jean-Pierre Diot, l'ancien policier chargé de la protection de Nicolas Sarkozy, qui regrette que la sécurité soit souvent négligée par les personnalités politiques.

Image d'illustration

Propos recueillis par : Pierre Lann / marianne.net

Et si la présidentielle était marquée par un attentat dirigé contre un candidat ? La campagne débute dans un contexte particulièrement tendu alors que les menaces sont nombreuses et incarnées par des profils très divers. Trois mois après avoir été giflé lors d'un bain de foule dans la Drôme, Emmanuel Macron a une nouvelle fois été pris pour cible lors d’un déplacement au salon international de la restauration et de l’hôtellerie de Lyon, lundi 27 septembre. En guise de projectile, le président de la République a reçu un œuf. S'il est sans gravité, l'incident interpelle.

Le même jour, Éric Zemmour, pressenti pour être candidat à l'élection présidentielle, a été menacé de mort par un homme dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Le polémiste a été reconnu et insulté dans la rue, avant d'être exfiltré par un policier du SDLP (service de la protection) qui l'accompagnait.

Cette unité est en charge de la sécurité des personnalités politiques. L'ancien policier Jean-Pierre Diot y a exercé pendant une quinzaine d'années, avant de créer la fédération française de la protection rapprochée. Pendant sa carrière, il a notamment assuré la sécurité de Nicolas Sarkozy, de Jean-Paul II et de Yasser Arafat. Pour Marianne, il décrypte les menaces croissantes qui pèsent sur les candidats à l'élection présidentielle.

Marianne : La campagne commence dans un contexte très tendu, faut-il redouter qu'un candidat soit victime d'une attaque grave ?

Jean-Pierre Diot : Compte tenu du contexte sécuritaire, tout est possible y compris le fait qu'un candidat soit visé par un attentat. Je n'aurais pas dit la même chose il y a quelques années. Mais la violence à l'égard des personnalités politiques se banalise. Et la menace a évolué. En plus de l'hypothèse d'un attentat structuré, il faut s'attendre à l'action d'un individu isolé, qui n'aura pas vraiment préparé son acte et qui sera donc très difficile à détecter. C'est à l'image de ce qu'il s'est passé avec Emmanuel Macron à Lyon. Cette fois, le président a reçu un œuf mais ça pourrait être plus grave.



De plus, la campagne présidentielle est une période très tendue parce que les candidats se rapprochent de la foule. Ils cherchent la promiscuité et ne veulent pas être vus avec des gardes du corps. Ce sont les missions les plus compliquées pour les personnels, qui ont beaucoup de mal à distinguer les signes de danger dans ce type d'atmosphère très particulière. Les intérêts politiques priment sur la sécurité.

Dans un documentaire intitulé Les coulisses d'une victoire diffusé sur TF1 en 2017, Emmanuel Macron disait : « Si vous écoutez les mecs de la sécurité, vous finissez comme Hollande. Peut-être que vous êtes en sécurité mais vous êtes mort ». Le président se met-il particulièrement en danger ?

Oui, il s'expose. Avant de prendre une gifle en juin dernier, il est sorti brusquement de sa voiture pour aller vers la foule. Cela a créé quelques secondes de retard dans la réaction de ses officiers de sécurité, ce qui peut expliquer l'agression. Un Président ne peut pas sortir de sa voiture comme ça. Avant un bain de foule, il faut laisser un peu de temps pour que des officiers de sécurité reconnaissent les lieux et soient prêts à répondre en cas de danger. Notre ennemi, c'est le temps de réaction et la faille, c'est l'homme politique. Il faudrait plutôt qu'il accepte de travailler en bonne intelligence avec son service de protection.




Est-ce qu'on prend suffisamment de précaution en France pour assurer la sécurité des candidats ?

Le problème c'est que le protocole prime toujours sur la sécurité. On n'a pas une culture de l'attentat comme cela peut exister aux États-Unis. Quand un président américain venait en France, j’étais très surpris de voir le poids qu’avaient les conseillers de sécurité, ils avaient systématiquement le dernier mot. En France, ce n'est pas le cas. Les officiers de protection sont marginalisés, ils sont tenus à distance par les conseillers politiques. Pour donner un exemple, il a fallu que j'attende plusieurs mois avant de pouvoir expliquer une procédure à Nicolas Sarkozy, quand il était ministre de l'Intérieur. Alors qu'il était très exposé, j'ai eu un mal fou à lui faire essayer son gilet pare-balles. Ce sont souvent les conseillers qui bloquent.

Quel dispositif est déployé autour d'un candidat à la présidentielle ?

En principe, il y a deux ou trois agents du SLDP (service de la protection) autour du candidat et une voiture suiveuse lorsqu'il se déplace. Ce dispositif peut être renforcé s'il a un meeting ou un déplacement. Dans ce cadre, il y a aussi des policiers en uniforme et des CRS. Le dispositif de base peut également être renforcé si le candidat est particulièrement menacé. Cela doit être le cas d'Éric Zemmour, dont la personnalité et les propos l'exposent davantage. L'évaluation est menée par les services de renseignement, en fonction des remontées d'informations qu'ils ont.

Éric Zemmour a été récemment pris en photo enlacé par sa conseillère. Le SDLP a-t-il aussi la charge de protéger la vie privée du candidat ?

Non, les officiers de sécurité sont déployés pour protéger son intégrité physique, pas pour faire le ménage dans sa vie privée. Mais on accompagne aussi les candidats en dehors de leurs apparitions publiques. Et c’est souvent difficile pour eux d'accepter d'être accompagnés dans leur vie de tous les jours, de devoir se plier à des protocoles.

Quand je fais des formations, je cite souvent le cas de Bertrand Delanoë comme ce qui peut se faire de pire. Je l’ai accompagné lorsqu’il était maire de Paris, et il ne prenait pas toutes les précautions alors qu’il était hyper menacé. Il a fini par prendre un coup de couteau (l'ancien maire a été poignardé en octobre 2002 en pleine nuit par un déséquilibré : N.D.L.R).

Quelqu'un comme Alexandre Benalla a pu avoir des responsabilités très importantes pour assurer la sécurité du chef de l'État sans avoir véritablement d'expérience. Qu'est-ce que cela dit de la manière dont on aborde la sécurité en France ?

C'est le symbole du mélange des genres. On a beau être l'ami intime du président, la protection c'est un vrai métier. Ce qui devait arriver arriva. Benalla a fini par aller au-delà de ses prérogatives. Je n'aurais jamais accepté d'être sous les ordres de quelqu'un qui n'y connaissait rien comme lui. Mais il ne faut pas faire de son cas une généralité. Les personnels du SDLP ont tous une grande expérience et au moins une dizaine d'années de terrain, avant d'être sélectionnés pour intégrer ce service. La leçon à en tirer c'est que la protection à haut-niveau, ça ne s'improvise pas.


(SOURCE) : marianne.net LIRE L'ARTICLE COMPLET



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