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Petites phrases, leçons et admonestations : ces anciens présidents oublieux de leur bilan

Souvent prompts à attaquer leur successeur et à dispenser des leçons de pouvoir, certains ex-chefs de l'État oublient qu'ils ont présidé aux destinées du pays. Pas les électeurs.

Image d'illustration

Par : Victor-Isaac Anne

Que ne l’ont-ils pas fait lorsqu’ils étaient présidents ? Toujours cette question lancinante : chaque fois qu’un ancien chef de l’État prend la plume, dispense des leçons politiques ou glose sur son successeur, on est pris de vertige devant son manque d’humilité. L’impopularité, qui a caractérisé leur fin de règne, du moins pour certains d’entre eux, devrait pourtant les y inciter.

Parmi ces chevaux de retour, avides de bons mots et de philippiques rancunières, l’ancien président socialiste, François Hollande, est sans doute le plus expansif. Son dernier essai, Affronter (Stock), est un concentré de médisances, justifiées pour certaines, en même temps qu’une réflexion sur les enjeux de demain. « Être utile pour un ancien président, c’est être libre. Libre de s’appuyer sur son expérience pour juger de la situation du pays et de l’état du monde. […] Pour affronter la mutation écologique, pour affronter ce monde de plus en plus dangereux, pour affronter les divisions qui fracturent la nation, je veux ici ouvrir une voie nouvelle », écrit-il.

En fait de « voie nouvelle », François Hollande passe le plus clair du récit à distribuer les mauvais points. À la gauche éparpillée et ses candidatures « lilliputiennes », à la droite qui jabote plus qu’elle n’agit, ou encore à Zemmour, cette « petite chose » qui « craignait de rester à la porte des salons, se désespérait de son rôle d’amuseur, qui distrayait par ses foucades, mais échouait à exercer son influence ».

Des critiques qui cessent d’être de bonne guerre quand elles portent sur l’exercice du pouvoir et la façon d’exercer la fonction présidentielle d’Emmanuel Macron. Non que le locataire de l’Élysée soit exempt de tout reproche, mais il y a quelque ironie à voir François Hollande débiner son successeur sans jamais s’interroger sur sa pratique du pouvoir. Ainsi donc, Emmanuel Macron est-il qualifié de « voyageur sans boussole » qui « a déchiré les Français comme jamais ».

Balayer devant sa porte

En ce domaine, l’ancien « président normal », qui a la mémoire courte, a pourtant précédé celui qui fut son poulain. Œuvrait-il à la réconciliation des Français quand, dès 2007, comme un avant-goût de sa fausse lutte contre la finance, il déclarait : « Je n’aime pas les riches, je n’aime pas les riches, j’en conviens » ? Quid encore des réformes sur le mariage homosexuel et de l’adoption dans la douleur de la loi Travail ? N’étaient-ce pas de grands moments de fractures de la nation ? Non, si l’on s’en tient au regard complaisant que l’ex-chef de l’État porte sur son action. Déjà, dans Les leçons du pouvoir (Stock), où il livrait sa vision de l’exercice de la fonction suprême un an après l’avoir quittée, François Hollande se rengorgeait de son bilan, estimant avoir été « le président des pauvres ». Ce que les statistiques officielles démentent formellement.

Mais revenons-en à ce dernier opus où l’on découvre un ancien président, ferme en matière d’immigration, qui préconise le respect des reconduites à la frontière pour les déboutés du droit d’asile. Pourquoi n’a-t-il pas appliqué ses propres recommandations lorsqu’il exerçait la fonction suprême ? La question reste en suspens.

Esprit d’escalier, crainte de disparaître médiatiquement, volonté d’écrire soi-même l’histoire, peut-être tout cela à la fois… Les raisons qui poussent un ex-président de la République à s’épancher sont multiples. Pour Jean-Marie Le Guen, ancien secrétaire d’Etat sous François Hollande, il n’est pas incongru qu’un ancien chef d’État s’explique, justifie et valorise éventuellement son mandat, pour autant qu’il se cantonne à cet exercice : « Il est normal qu’il puisse s’exprimer sur son action. Ce que je trouve moins sain, c’est quand il se met à critiquer celle des autres. Bien sûr, il y a certains choix politiques qui justifient que l’on manifeste sa désapprobation totale. En l’occurrence, l’attitude de François Hollande à l’égard d’Emmanuel Macron n’est pas raisonnable. Il faut être cohérent dans la critique : il ne peut pas tout à la fois lui reprocher d’être trop libéral et pas assez réformateur. »

Amnésie présidentielle

Selon l’ancien député et conseiller de Paris, ces coups de griffes portés à Emmanuel Macron trouvent leur explication, non seulement dans ce que Hollande considère comme une trahison de son ancien ministre de l’Économie, mais surtout dans les conditions de son retrait en 2017 : « Hollande a été battu et sur sa personne et sur une politique qu’il ne parvenait pas à assumer. Il en a conçu une amertume qui le porte à critiquer celle de son successeur. »

Là se trouve, toujours d’après Jean-Marie Le Guen, la différence avec Nicolas Sarkozy, dont la défaite s’explique peut-être moins par la politique et les résultats de sa politique – qui peuvent être discutés par ailleurs – que par « son comportement qui a eu le don d’irriter beaucoup de gens, y compris parmi des personnes hostiles à Hollande ».

De fait, dans ses livres parus depuis 2012, Sarkozy soigne davantage son image personnelle qu’il n’attaque ses successeurs. Et cela, même quand il a tenté de se remettre en selle lors de la primaire à droite pour l’élection présidentielle de 2017. Dans son avant-dernier essai, Le Temps des tempêtes (l’Observatoire), l’antépénultième président reconnaissait non pas avoir nécessairement « bien fait », mais avoir été « authentique ».

Ce qui ne l’a pas empêché, dans plusieurs entretiens accordés à la presse, de livrer une vision à rebours de la politique qu’il a menée. Sur l’Europe, il est assez osé de vouloir « mettre un nouveau traité sur la table […] et changer profondément les règles du jeu », comme il l’affirmait au Point en 2018, quand on a trahi le « Non » des Français au traité constitutionnel européen. De même, sa lutte affichée et martelée contre l’islamisme laisse songeur quand on sait qu’en 2003, alors ministre de l’Intérieur, il avait accepté d’intégrer l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), vitrine française des Frères musulmans, au Conseil français du culte musulman (CFCM). De telles contradictions, les archives en débordent. À la différence des anciens présidents, elles ont la mémoire longue.

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