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Le Président tunisien au Parlement européen : « Notre souveraineté n’est pas négociable ! »

La résolution adoptée par le Parlement européen appelant à un retour "un retour à la normalité" et l’établissement "d’une feuille de route claire" en Tunisie a provoqué l’ire de Kaïs Saïed. Le Président a dénoncé ce qu’il considère être une ingérence dans les affaires interne de son pays

Image d'illustration

Par : Tarek Hafid

Un sentiment de colère que semble partager la population tunisienne. Le Parlement européen a adopté jeudi 21 octobre une résolution sur la situation en Tunisie. Le texte critique ouvertement les mesures prises par le Président Kaïs Saïed le 25 juillet 2021 lorsqu’il a gelé le Parlement et limogé le gouvernement de Hichem Mechichi. Les parlementaires européens, qui ont adopté cette résolution par 534 voix pour (45 contre et 106 abstention), ont invité le chef de l’Etat tunisien "à un retour à la normalité et la nécessité d’établir une feuille de route claire".

"Le parlement européen réaffirme que le partenariat privilégié entre l’Union et la Tunisie ainsi que le processus démocratique en Tunisie lui tiennent à cœur; trouve le décret présidentiel nº 2021-117 profondément inquiétant, car il concentre les pouvoirs entre les mains du Président pour une durée indéterminée; souligne une nouvelle fois que le respect de l’état de droit, de la Constitution et du cadre législatif doit être préservé, et rappelle que le parlement doit être légitime et fonctionner correctement, car il s’agit de l’institution qui représente le peuple; déplore par conséquent la suspension du Parlement tunisien, décidée le 24 août 2021 par le Président Saïed pour une durée indéterminée; insiste vigoureusement sur le fait qu’un parlement est une institution essentielle à la démocratie, et qu’il est nécessaire pour mener toute réforme de la Constitution ", lit-on dans les points 1 et 3 de cette résolution.

Respect

Par ailleurs, les eurodéputés s’inquiètent "de l’ingérence étrangère qui sape la démocratie tunisienne" et soulignent "qu’il est urgent de surmonter la crise socio-économique que connaît le pays au moyen de réformes et de politiques structurelles".

La réaction de Tunis ne s’est pas faite attendre. Le jour même du vote, le Président tunisien a fermement dénoncé un acte d’ingérence dans les affaires internes de son pays, sans citer nommément le parlement européen. "La Tunisie n’est pas un champ, une marchandise ou un numéro à inscrire dans les agendas de travail à l’étranger. Avons-nous déjà étudié la situation interne d’un autre Etat au sein de nos institutions ? En dehors de la coopération, avons-nous déjà inscrit le cas d’un pays européen, américain ou asiatique dans nos débats ? ", s’est-il interrogé dans un discours à l’ouverture du Conseil des ministres.

"Il y a une affaire tunisienne qui est débattue actuellement en dehors de la Tunisie. La révoltée Tunisie, est blessée, saigne et souffre de douleur à cause de plusieurs facteurs internes. Nous seuls pouvons panser ses blessures par notre détermination et dans le cadre de nos propres choix. Nous rejetons l’entraide et la sympathie si elles ne sont pas accompagnées de respect. Nous exigeons le respect de l’extérieur même sans sympathie. Le respect de nos choix est l’exigence première de la souveraineté nationale. Notre souveraineté n’est pas négociable " a martelé le Président Kaïs Saïed.

Sur les réseaux sociaux, les détracteurs du Président estiment que le rappel à l'ordre des eurodéputés leur donne raison. Mais la résolution passe mal auprès de nombreux Tunisiens. C’est le cas notamment d’une internaute qui s’interroge sur Facebook sur ce que veut l’Union européenne : "elle veut abolir la peine de mort, dépénaliser l'homosexualité, veut que ses citoyens entrent en Tunisie avec une simple pièce d’identité, qu’on ouvre notre agriculture et prendre notre pétrole et notre gaz… ".




Diversifier les partenariats

Interrogé par Sputnik, le romancier et journaliste Walid Ferchichi, s’oppose lui aussi à toute forme d’ingérence de la part de Bruxelles. Selon lui, les "Européens redoutent le fait que des peuples sortent de l’emprise, notamment sur les plans politique et économique ".

"Cette vision doit changer car le monde est en train de changer. Pourquoi l’Union européenne serait-t-elle l’unique partenaire de la Tunisie sur la base d’un accord de libre-échange qui ne nous arrange pas ? Cet accord a détruit notre économie, notamment notre tissu industriel. Les fleurons de l’industrie tunisienne ont fini par disparaitre. Les quelques entreprises qui restent font de la sous-traitance pour des groupes européens. Il est temps de réviser cet accord avec l’UE ", lance-t-il.

Selon Walid Ferchichi, la Tunisie doit engager une stratégie de diversification des partenariats. "Nous devons nous ouvrir sur le monde et avoir des relations avec la Russie, la Chine, l’Inde ou encore l’Iran. Il faut aller vers toute autre puissance qui acceptera d’un partenariat respectueux et mutuellement profitable", note-t-il. Pour l'ancien diplomate tunisien Abdallah Laabidi, la Tunisie est face à une tentative du Parlement européen "d’imposer sa tutelle à travers ce document".

"Il semble des responsables et des parlementaires de l’UE aient fait la navette entre Tunis et les différentes capitales européennes pour prendre des informations. Il n’y a pas un seul domaine sur lequel ils ne sont pas exprimés et ont fini par pondre un document qui comprend des impressions pris sur place", précise à Sputnik l’ancien diplomate.

Abdallah Laabidi relève cependant que la valeur de cette résolution dépendra de la réaction de du Président de la République. "Nous verrons comment il va réagir à ce document. Il a certes fait une déclaration à l’ouverture du Conseil des ministres mais cela ne suffit pas. Il doit prendre des mesures concrètes, sous différentes formes ", ajoute-t-il. Pour l’heure, le Président Kaïs Saïed semble plus concentré sur le parachèvement du processus de réformes politiques qu’il a entamé depuis plusieurs semaines. Jeudi, lors du Conseil des ministres, il a annoncé le lancement d’un "dialogue sur plusieurs thèmes ", notamment sur le régime politique et le système électoral en Tunisie. Il a invité les jeunes à participer à ce processus tout en indiquant que ce dialogue "n'inclura pas ceux qui ont volé l'argent du peuple ou ceux qui ont vendu leur âme à l'étranger ".

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