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[INTERVIEW] Covid-19 : « Il est nécessaire de créer un lieu de mémoire numérique pour faire face aux crises à venir »

L’Institut Covid-19 Ad Memoriam lance ce jeudi une appli pour collecter les histoires ordinaires et extraordinaires des Français autour de la crise sanitaire. Sa présidente Laëtitia Atlani-Duault, anthropologue et membre du Conseil scientifique, a répondu à « 20 Minutes »

Image d'illustration

Par : Hakima Bounemoura / 20mtes

L’ESSENTIEL

  1. L’Institut Covid-19 Ad Memoriam de l’Université de Paris lance une application baptisée « Histoires de crise » pour collecter les histoires personnelles et ouvrir le dialogue autour de la pandémie.
  2. « C’est une plateforme de partage d’anecdotes, de textes, d’images, bandes sonores… C’est un peu comme un réseau social, "un Instagram de la pandémie", qui va permettre aux gens d’aller raconter leur vécu », détaille Paul Duan, concepteur de l’application et président de l’ONG Bayes Impact.
  3. « L’objectif de ce projet inédit est de créer un lieu de mémoire numérique de la pandémie pour penser l’époque que nous vivons. Chacun pourra participer à la construction d’une mémoire collective », explique Laëtitia Atlani-Duault.

C’est l’humanité tout entière qui a été chamboulée. Plus d’un an et demi après le début de la crise du Covid-19, les conséquences de la pandémie se font toujours sentir sur le quotidien des populations. Même si l’heure n’est toujours pas au bilan, plusieurs initiatives dans le monde ont vu le jour afin de récolter et d’analyser les témoignages et études sur la crise sanitaire. En France, l’Institut Covid-19 Ad Memoriam, créé il y a quelques mois et financé en partie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’est donné pour objectif de rassembler « les mémoires » de la pandémie.

Pour mener à bien cet objectif, l’Institut rattaché à l’Université de Paris lance ce jeudi l'application « Histoires de crise » pour collecter les histoires ordinaires et extraordinaires de chaque citoyen, et ouvrir le dialogue autour de la crise sanitaire. « C’est une application en ligne qui se présente comme une plateforme de partage d’anecdotes, de textes, d’images, de musique… C’est un peu comme un réseau social, "un Instagram de la pandémie", qui va permettre aux gens d’aller raconter leur vécu, et où ils vont pouvoir avoir accès aux contenus postés par les autres », explique Paul Duan, concepteur de l’appli et président de l’ONG Bayes Impact.

Au-delà de cette plateforme, l’objectif est donc de créer une véritable « mémoire collective de la pandémie ». 20 Minutes a interrogé Laëtitia Atlani-Duault, anthropologue spécialiste des crises humanitaires, et membre du Conseil scientifique qui dirige l’Institut Covid-19 Ad Memoriam.

Beaucoup de Français ont envie d’oublier la période que l’on vient de vivre. Pourquoi est-il si important de s’en souvenir ?

Il nous a paru évident, dès le départ, qu’il était indispensable de ne pas oublier. Il est important de comprendre ce qui s’est passé, et ce que nous vivons encore aujourd’hui. Il nous faudra tirer un bilan, un enseignement de la crise majeure que l’on a vécue. Et notre objectif est d’offrir à tous la possibilité de pouvoir partager son expérience de la pandémie et, en retour, d’avoir accès aux expériences des autres, de façon à participer à une meilleure compréhension de ce qu’il s’est passé.

C’est pourquoi, avec nos partenaires – instituts de recherche et universités, mondes de la santé, du droit, des associations, des cultes et des arts –, il nous a semblé essentiel de collecter, archiver et analyser tous ces témoignages, ordinaires comme extraordinaires, qui constituent les mémoires individuelles et collectives de la pandémie. Cette épidémie ne se résume pas à des morts, à des drames. En lançant cette plateforme numérique, nous voulons aussi collecter les expériences heureuses de cette crise, avec les inventions nées durant cette période particulière, certaines pratiques positives de télétravail, de nouveaux rituels… Il n’y aura pas que de mauvais souvenirs de cette épidémie.

« L’objectif est de renforcer la prévention des crises sanitaires à venir, pouvant découler d’épidémies, catastrophes naturelles, de conflits ou de violences politiques »

La création de l’Institut Covid-19 Ad Memoriam et la plateforme numérique « Histoires de crise », c’est aussi un moyen d’élargir les sources d’information et de lutter contre le complotisme ?

Il ne faut pas laisser l’exclusivité de la collecte de données de masse aux médias, aux tribunaux – qui sont saisis sur la gestion de la crise – , aux enquêtes parlementaires ou encore aux autorités politiques. Notre choix est d’utiliser des outils numériques et les techniques des sciences sociales pour offrir un espace auquel les chercheurs, mais aussi tous les citoyens, puissent se référer, un espace de données accessible au grand public sur notre vécu de la pandémie. Nos expériences à tous, y compris de ceux que l’on a appelés les « invisibles de la pandémie », sont essentielles, et la multitude des réalités de la situation que nous vivons tous, différemment, depuis un an, doit être reconnue et mise en avant.

Donner accès à des données fiables et neutres sur la pandémie, c’est permettre le dialogue pour un processus démocratique renforcé. Or ce dialogue est clé car il permet de poser la question du sens des politiques publiques et des priorités futures. Il permettra aussi, on l’espère, de renforcer la préparation des crises sanitaires à venir, pouvant découler par exemple d’épidémies, catastrophes naturelles, de conflits ou de violences politiques.

Selon vous, le Covid-19 a provoqué une « rupture anthropologique ». La pandémie a-t-elle changé l’humanité ?

C’est l’une des questions majeures au cœur de l’Institut Covid-19 Ad-Memoriam. Qu’a-t-on vécu ? Que vivons-nous ? On est tous d’accord pour dire – notamment à propos premier confinement – que l’on a traversé un moment singulier, qui peut même marquer pour certains un moment de rupture mais qui, en tout état de cause, questionne tout le monde. Mais comment définir ce moment singulier ? Comment y a-t-on fait face ? Et comment se préparer à d’autres ébranlements à l’avenir ? Cela fait partie des questions qu’il s’agira de creuser. Et, pour cela, les témoignages de tous – et non seulement de ceux qui sont mis en avant et relayés à propos de cette pandémie – sont essentiels.

Pourquoi ne pas ouvrir, à terme, un véritable musée sur la pandémie de Covid-19 ?

Nous avons entamé une collaboration avec le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, à Marseille) sur ce sujet-là. Eux ont commencé à recueillir depuis quelques mois des objets liés à la pandémie de Covid-19, des objets du confinement. Alors que notre projet porte sur la construction d’un lieu de mémoire exclusivement numérique. On se demande dans quelle mesure on peut imaginer une mise en commun à terme des données que l’on aura chacun collecté. Nos deux projets peuvent donc être complémentaires, et nous discutons en ce moment de la manière dont nous pourrions, dans un avenir proche, mettre nos forces en commun.


(SOURCE) : 20minutes.fr LIRE L'ARTICLE COMPLET



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