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Marseille (13) : Macron à la recherche du temps perdu

Dans les quartiers nord, le président a d’abord écouté les doléances des habitants avant de dévoiler un plan contre l’insécurité.

Image d'illustration

Par : François-Xavier Bourmaud / lefigaro.fr

Au fond de la cité Bassens, les tarifs sont affichés. C’est un grand tag peint sur un mur: «10 € Bon. 30 € jaune. 50 € Moula. 300 € Plak. Bonne fumette.» Au pied du point de vente de drogue, quatre CRS débonnaires montent la garde avec lunettes de soleil, fusil et gilets pare-balles. Les enfants qui gambadent n’y prêtent guère attention. Il y a de l’animation dans cette cité des quartiers nord de Marseille. Emmanuel Macron va arriver. Après une rencontre avec les élus, c’est là que le président de la République a décidé d’entamer son séjour de trois jours à Marseille. Au cœur des quartiers gangrenés par le trafic de drogue et les règlements de comptes entre dealers. Déjà quinze morts depuis le début de l’année, souvent très jeunes. «Il n’y a aucun territoire interdit pour la République, assure un conseiller du président. Il avait une vraie volonté de montrer ça et de commencer son déplacement par une rencontre avec les élus puis les habitants, pour parler des sujets du quotidien.»

À Bassens, c’est beaucoup l’insécurité. Les anciens sont effarés par le déchaînement de violence qui déferle sur la Cité phocéenne, à portée de téléphone portable. Un habitant d’une cinquantaine d’années fait défiler sur son téléphone les vidéos qu’il a prises récemment. Des policiers poursuivis par des jeunes dans une bagarre générale. Un corps allongé dans la rue, la cervelle dégoulinant par terre après un règlement de comptes. «C’est Samia Ghali qui avait raison, il faut l’armée, plaide-t-il. Et rouvrir le bagne de Cayenne.» Pourtant, «c’est un bon quartier ici, assure un autre habitant. Tout le monde se connaît.Quand il y a des morts, on aide les familles». Mais comme beaucoup, il se montre fataliste. Cela fait plus de cinquante ans qu’il habite ici et il n’attend pas grand-chose d’Emmanuel Macron. «Il va arriver, il va parler, il va partir et ça va redevenir comme avant.» Avec moins de policiers, donc. Pour la venue du président, le déploiement des forces de l’ordre est spectaculaire. Mais si le chef de l’État a été accueilli par quelques sifflets à l’hôtel de ville, ce sont des vivats qui retentissent à son arrivée à Bassens.

«On ne va rien lâcher»

Quelque 300 personnes l’attendent, beaucoup de jeunes, tous plus rigolards les uns que les autres. «Vous allez me dire ce qui ne va pas», leur lance Emmanuel Macron. «Allez l’OM! lui répond un enfant. Est-ce que vous pouvez recruter Bilal Boutobba?» Un autre le met en garde: «Vous ne pouvez pas aller là-bas, il y a trop de déchets, et vous avez (il regarde les chaussures d’Emmanuel Macron) des Pierre Cardin.» À côté, on demande aussi «du travail et des CDI». Et puis «on a une école abandonnée, ça fait dix ans». Un cri: «Parlez moins fort, c’est sur TikTok.» Tous les portables sont brandis. C’est la bousculade. Face à la cohue, les CRS forment un cordon autour du local où le président s’engouffre pour discuter avec une association de femmes du quartier. CLANG! La lourde porte en métal se referme sur le président. Pendant plus d’une heure, il écoute les doléances. Enfants des quartiers nord exclus de Parcoursup, décrocheurs scolaires, chômage. «Il faut qu’on arrête de nous stigmatiser en disant “puisque vous êtes issu des quartiers nord, puisque vous avez pas la bonne adresse, vous ne pouvez pas rentrer dans telle ou telle école, faire un stage dans telle ou telle boîte”», lui demande un jeune. Et puis la violence revient dans la conversation.

Une maman lui parle de son enfant, «un jeune sans histoire», tué à 21 ans. «La barbarie s’est installée, assure un participant. On me demande parfois ma carte d’identité pour entrer dans mon immeuble.» Emmanuel Macron écoute, parle peu. Il a un plan. «Il y a des choses qui avancent, il y a des quartiers où la situation est très dure. On va y aller étape par étape. On ne va rien lâcher, beaucoup de temps a déjà été perdu. La réponse est sécuritaire», glisse-t-il, avant de partir dévoiler son plan au commissariat du quartier où le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin l’attend. Mais il va falloir convaincre. Si à son départ, le président de la République est applaudi comme à son arrivée, le doute persiste sur ses intentions. «Et pourquoi il vient là? À neuf mois des élections. C’est du vent! s’agace une habitante. Qu’est-ce qu’ils ont fait pour les quartiers, les politiques? Vous trouvez ça normal de vivre là? Au milieu des déchets?» autour d’elle, ses amis approuvent. Emmanuel Macron, qui s’est dit ému par ces rencontres, a encore deux jours pour persuader les Marseillais.


(SOURCE) : lefigaro.fr LIRE L'ARTICLE COMPLET

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