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Abdennour Bidar : «L’islam ne réussira jamais à s’imposer en France comme force politique»

Figure du dialogue interreligieux, Abdennour Bidar vient de publier « Génie de la France » (Albin Michel). Pour l’essayiste, notre pays a pour racine profonde la laïcité, qui repose sur le refus de la soumission à tout ce qui voudrait être sacralisé. Pas d’idoles religieuses, pas d’idoles politiques.

Image d'illustration

Par : Rachel Binhas / marianne.net

Marianne : Bon nombre de personnes, musulmanes ou non, estiment que la France est un pays islamophobe. Le pensez-vous aussi ?

Abdennour Bidar : Une affirmation aussi générale ne peut être prise au sérieux et ne peut être qu’un slogan idéologique visant à dresser les gens les uns contre les autres. De manière plus complexe et précise, on peut constater qu’il y a, dans certaines parties de notre population, toute une gamme de sentiments négatifs vis-à-vis de l’islam, de la défiance au rejet. Cela s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la peur de ce qui est inconnu, classique, renforcée par le fait que la présence de l’islam, en France, est aussi massive que visible.À cela s’ajoute le fait que cette présence est ressentie comme perturbante par un certain nombre de nos concitoyens à cause du coefficient important de sa différence culturelle, de son dogmatisme intransigeant, et, bien sûr, du fait des attentats islamistes commis par des terroristes qui ont grandi en France. Un effort doit être fait des deux côtés : du côté de la société française pour comprendre et accepter mieux les musulmans, tout en restant absolument ferme contre l’islamisme ; du côté musulman pour faire évoluer – enfin – une culture religieuse sclérosée, et pour s’acculturer bien davantage à la France, sans se renier pour autant.

Selon vous, la pauvreté et la concentration des individus sont à l’origine de l’islamisme. Il y aurait une « responsabilité française ». Pourtant, le Sénégal, le Liban ou la Tunisie font aussi face à ce phénomène. L’islamisme en France n’a-t-il, pour seul facteur explicatif, que la sociologie ?

Je ne dis pas du tout que la pauvreté et la relégation sont les seules causes, même si l’existence en France de grandes concentrations de détresses aggrave terriblement le problème. Si vous lisez ma Lettre ouverte au monde musulman je prends la responsabilité claire d’affirmer que l’islam est malade, c’est-à-dire que les « racines du mal » de l’islamisme sont à chercher, essentiellement, du côté de l’islam lui-même.

Dans votre essai, vous expliquez que la France infantilise les musulmans en essayant de les aider à s’organiser institutionnellement. Les évangéliques, par exemple, y sont parvenus seuls. Pourquoi les musulmans n’arrivent pas à s’organiser comme d’autres cultes sans hiérarchie ?

Là aussi, il y a une multitude de facteurs. Par exemple, et principalement, la diversité interne de l’immigration musulmane et le poids, par conséquent, des pays étrangers d’origine. La Turquie veut avoir le contrôle de l’immigration turque et de l’islam turc en France. Idem pour le Maroc ou l’Algérie, sans parler de l’islam des Comores, etc. Tout cela crée une pluralité de communautés musulmanes distinctes par l’origine nationale, ethnique, culturelle, dont chacune veut conserver ses spécificités et rechigne à se faire représenter par d’autres auprès des pouvoirs publics. Face à cet éclatement, l’État français a voulu avoir un interlocuteur unique. Est né le CFCM, le Conseil français du culte musulman, qui, depuis le début des années 2000, tente de fédérer tout le monde et de fonctionner avec une présidence tournante.Peut-on faire autrement quand on sait l’importance des liens symboliques et réels conservés par les musulmans avec leurs pays d’origine, et les enjeux diplomatiques et politiques ? Néanmoins, je pense en effet qu’il y a infantilisation parce que les musulmans ne sont pas un « troupeau de fidèles » qui devrait être gardé par ce berger qu’est le « conseil du culte ». L’islam est théoriquement une religion sans clergé, chacun et chacune peut être son propre imam. Que l’islam soit représenté par une association – comme le CFCM – sur le plan culturel, très bien. Le problème est que ce CFCM a été institué comme gardien du culte, donc comme autorité religieuse. « Pas plus l’islam demain que le catholicisme hier ne feront la loi en France »

écrivez-vous. Vous semblez dire que la bataille contre l’emprise du religieux à partir de l’islam est même déjà gagnée…

Non, je dis qu’il y a en France un esprit laïc qui finira par l’emporter. Nous sommes le pays de l’esprit critique, de la liberté de penser, notre racine profonde est le refus de la soumission à tout ce qui voudrait être sacralisé : les idoles religieuses comme les idoles politiques. Nous ne sommes pas hostiles au sacré, nous sommes viscéralement réactifs à tout ce qui voudrait enfermer ce sacré dans une forme, dans une idéologie. C’est pourquoi j’écris que la laïcité est le geste politique qui correspond à ce que les religions elles-mêmes appelaient la destruction des idoles…Voilà ce que nous portons au plus profond de nous, le génie français dans lequel j’ai une confiance inébranlable : qu’une idéologie politique ou religieuse essaie de nous soumettre, sa domination sur notre pays ne sera jamais que provisoire, parce que notre force profonde finira par la détrôner. Avis donc à l’islam : il ne réussira jamais à s’imposer ici comme force politique. Avis aussi à tout chef politique qui voudrait agir en monarque absolu, on ne règne pas longtemps, ni impunément, sur un peuple d’esprits libres.

Qu’est-ce que le « temple vide » dont vous parlez, de quoi est rempli le « vide spirituel » de la France ?

La France a vocation à accomplir politiquement ce que ces religions disaient sur le plan spirituel : le sacré est trop transcendant pour être représenté par quoi que ce soit, et le cœur du temple doit rester vide. C’est exactement cela, la laïcité : le vide au centre de la cité humaine, non pas un vide qui ne serait « rien » mais le vide de ce qui dépasse toutes les idoles que les hommes peuvent adorer, leurs idéaux comme leurs croyances. Mais sommes-nous aujourd’hui à la hauteur de ce génie français, de ce génie rebelle ? On peut en douter, et c’est pour réveiller ce génie du « non » que j’ai écrit ce livre. Génie de la France. Le vrai sens de la laïcité


(SOURCE) : marianne.net LIRE L'ARTICLE COMPLET



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